Catégorie : Faits divers

Régler ça au chausse-pied [ʁegle sa o ʃospje]

Fig. A. Chausse-pied.

[ʁegle sa o ʃospje] (LOC. CORDONN. BOUR.)

Dans l’arsenal des expressions que nous ont léguées les anciens qui ne faisaient pas dans la dentelle, régler ça au chausse-pied occupe une place de choix, quelque part entre forcer comme un âne et y aller à la truelle.

Se torcher le cul avec un boulon [sø tɔʁʃe lø ky avɛk œ̃ bulɔ̃]

Fig. A. Manoeuvre s’en torchant le cul avec un boulon.

[sø tɔʁʃe lø ky avɛk œ̃ bulɔ̃] (LOC. MEPRIS. CROT.)

Il est des expressions qui par leur seule évocation provoquent une réaction immédiate.

Se torcher le cul avec un boulon appartient à cette famille où l’incongruité le dispute à la cruauté visuelle. Il faut dire que l’image est éloquente : s’essuyer le séant souillé avec un objet aussi inadapté qu’un boulon, c’est l’assurance d’une expérience pour le moins désagréable, voire douloureuse.

Manger la soupe sur la tête de quelqu’un [mɑ̃ʒe la sup syʁ la tɛt dø kɛlkœ̃]

Un faux tableau de Magritte avec de la soupe au-dessus de la tête d'un homme.

Fig.A. Manger la soupe sur la tête de quelqu’un.

[mɑ̃ʒe la sup syʁ la tɛt dø kɛlkœ̃] (LOC. DEPREC. TAIL)

Puisque chez ces gens là la taille a toujours compté¹, allant jusqu’à s’avérer marqueur social – plaçant le noble au-dessus du roturier et le colosse au-dessus du gringalet –, elle s’est sans surprise glissée dans la langue en faisant des grands slurp pour produire quelques images savoureuses.

Avoir arrêté l’école à la grille [avwaʁ aʁɛt lekɔl a la gʁij]

Fig. A. « Je ne dois pas chanter pendant la leçon d’histoire ». Archives pers.

[avwaʁ aʁɛt lekɔl a la gʁij] (loc. scol. ABRU.)

Que ce soit ce sacré Charlemagne ou non qui eut un jour cette idée folle d’inventer l’école, il est une certitude sur son caractère imposé (que d’aucuns maudirent longtemps pour cause de différend avec des représentants du corps enseignant, mais ceci est une autre histoire¹) : celui-ci est dû à Jules Ferry et date de 1882. Ah, sacré Jules !

À coucher dehors avec un billet de logement [a kuʃe døɔʁ avɛk œ̃ bijɛ dø lɔʒəmɑ̃]

Fig. A. Coquin présentant son billet de logement au marquis (avant de présenter ses hommages à Madame la marquise), huile sur toile, Paul-Léon Jazet, 1879.

[a kuʃe døɔʁ avɛk œ̃ bijɛ dø lɔʒəmɑ̃] (MILIT. LAID.)

Quand la disgrâce physique est telle qu’elle ne peut être nommée directement – moche, laid, affreux s’avérant insuffisants – il existe heureusement une belle expression qui sans tourmenter plus qu’il ne l’est le laideron, fera son petit effet. À coucher dehors avec un billet de logement remet ainsi l’infortune plastique à sa place : hors de la chacunière.

Gratter le mince [gʁate lø mɛ̃s]

Fig A. Gratte-papier grattant le mince.

[gʁate lø mɛ̃s] (exp. script. CULT.)

Il en est (tristement) ainsi de l’histoire de l’humanité : c’est en se foutant sur la tronche lors de batailles sanglantes que la connaissance progresse. De là à penser que l’ouverture d’esprit est proportionnelle à celle du crâne de l’ennemi il n’y a qu’un pas que la pédagogie se refuse cependant à franchir, préférant s’en tenir à des préceptes plus charitables comme la grammaire, la dialectique ou la rhétorique. Ceci est cependant une autre histoire.