Catégorie : Arts

Être un Tartuffe [ɛtʁ œ̃ taʁ.tyf]

Locution moliéresque à usage civique et satirique pour désigner celui qui prêche une chose et pratique l’inverse, souvent en toute bonne foi feinte

Fig. A. « Je suis choqué ». Tartuffe.

[ɛtʁ œ̃ taʁ.tyf] (MOLIÈR. HYPOCR.)

Si vous séchâtes le cours de français en 6eB et ce mémorable crescendo théâtral qui devait aboutir à la non moins mémorable représentation de Le Tartuffe ou l’Imposteur en guise d’apogée du spectacle de fin d’année, préférant batifoler dans les prairies et découvrir la sensualité de la belle Isabelle plutôt que celle d’Elmire, il est normal que vous n’entendiez guère l’expression être un Tartuffe.

Faire son Tchao Pantin [fɛʁ sɔ̃ tʃa.o pɑ̃.tɛ̃]

Faire son Tchao Pantin

Fig. A. Pompiste de nuit à Barbès.

[fɛʁ sɔ̃ tʃa.o pɑ̃.tɛ̃] (loc. ciné. TRAGI.)

Dans le grand théâtre de la carrière artistique, il est un virage que seuls les plus audacieux osent négocier : celui qui mène du comique au tragique, de la gaudriole au gravier. Ce moment-là, délicat, risqué, vertigineux, a son expression surannée : faire son Tchao Pantin.

Remettre 10 balles dans le juke-box [ʁəmɛtʁ 10 bal dɑ̃ lø dʒukbɔks]

Ou comment raviver la rengaine du râleur en lui glissant l’occasion rêvée de rejouer son tube préféré.

Remettre 10 balles dans le juke-box

Fig. A. Type ayant remis 10 balles dans le juke-box.

[ʁəmɛtʁ 10 bal dɑ̃ lø dʒukbɔks] (DISC. 45T.)

Il fut un temps (que les moins de vingt ne peuvent pas connaître-euh) où on ne lançait pas une playlist depuis son smartphone pour écouter de la musique en public.

Attraper le lustre [atʁape lø lystʁ]

Fig. A. Lustre.

[atʁape lø lystʁ] (loc. théât. GR. GUEUL.)

Baudelaire trouvait que « le plus beau dans un théâtre c’est le lustre, – un bel objet lumineux, cristallin, compliqué, circulaire et symétrique ». Comme le poète a toujours raison il n’est point surprenant que d’aucuns aient tout fait pour l’attraper, cet objet magnifique.

Être la quatorzième écrevisse [ɛtʁ la katɔʁzjɛm ekʁəvis]

Fig A. 14e et 15e écrevisses.

[ɛtʁ la katɔʁzjɛm ekʁəvis] (Déda. 14)

Le dérisoire a aussi droit d’être exprimé avec délectation en ces temps où la langue réserve à chaque situation, à chaque comportement, une petite expression pas piquée des hannetons.

Ainsi à celui qui fait dans le futile, dans le bouche-trou, dans le chétif, il sera annoncé qu’il n’est rien d’autre que la quatorzième écrevisse. Ni plus, ni moins.

Manger des côtelettes [mɑ̃ʒe de kotəlɛt]

Fig. A. Avoir triomphé dans Tailleur pour dames ça vous pose son homme pour un bail.

[mɑ̃ʒe de kotəlɛt] (THÉÂ. APPL.)

Contrairement à ce que le commun imagine c’est du talent et non de l’appétit qu’il s’agira de posséder pour manger des côtelettes. Et un peu plus que lors de douze minutes de cuisson s’il vous plaît car on n’est pas en cuisine mais sur scène.

Ne pas avoir inventé la machine à peindre en blanc le tour des marguerites [ne pa avwar‿ êvâté la maSin‿ a pêdr‿ â blâ le tur dé marɡerit]

Fig. A. Papier-peint marguerites et autres fleurs de nos campagnes.

[ne pa avwar‿ êvâté la maSin‿ a pêdr‿ â blâ le tur dé marɡerit] (insult. CON.)

Version fleurie de la très fruitière ne pas avoir inventé la machine à cintrer les bananes, l’expression ne pas avoir inventé la machine à peindre en blanc le tour des marguerites procède d’une double dynamique artistique et de résistance au Progrès.

Faire son Calimero [fèr sô kalimro]

Fig. A. Calimero faisant son Calimero.

Bien que débutant sa carrière en tant que vendeur de lessive en juillet 1963 (Ava, protège les tissus en gardant toute leur fraîcheur), un vilain petit canard trimballant sa peine et sa moitié de coquille vide va connaître une destinée particulière en devenant le sujet de l’expression consacrée pour moquer le parano.