Catégorie : Langues

Avoir la langue en dentelle de Calais [a.vwaʁ la lɑ̃ɡ ɑ̃ dɑ̃.tɛl də ka.lɛ]

L’art de l’insulte en soie et du compliment vénéneux

Fig. A. La marquise de Brinvilliers.

[a.vwaʁ la lɑ̃ɡ ɑ̃ dɑ̃.tɛl də ka.lɛ] (IMAG. LANG.)

On connaît la langue de vipère, trop brute. La langue de bois, trop lisse. La langue bien pendue, trop bruyante. Mais entre toutes, il est une langue plus rare, plus subtile, plus dangereuse aussi : la langue en dentelle de Calais.

Sorguer sa trique [sɔʁ.ɡe sa tʁik]

Locution argotique, aujourd’hui rangée au vestiaire des expressions fatiguées

Sorguer sa trique

Fig. A. Quidam sorguant sa trique dans un rade.

[sɔʁ.ɡe sa tʁik] (gr. n. ZZZ.)

Il est mille façons élégantes de parler du sommeil : tomber dans les bras de Morphée, faire un somme, piquer un roupillon, aller au cinéma des draps blancs.

La famille Gauthier [la famij gotie]

Fig. A. Le fils et la fille Gauthier.

[la famij gotie] (N. FAM. PARAS.)

On compte en France tant de familles portant le nom de Gauthier qu’il est peu probable de découvrir un jour celle qui a agit si mal que la langue a décidé de faire de ses membres des poux. Oui, le représentant de la famille Gauthier est bel et bien synonyme de l’insecte parasite dans la jactance codifiée des bas fonds (et celle des merlans).

Avoir une tête d’ail [avwar yn tèt daj]

Fig. A. Tête d’ail.

[avwar yn tèt daj] (doub. accept. AIL.)
L’ON POURRA être laid et d’une vigueur remarquable. Et l’on pourra le faire savoir par la même expression. Ainsi sera l’usage d’avoir une tête d’ail pour dire la sale gueule et le vit vif. Car tel est notre plaisir. »

Ne pas nous rendre le Congo [ne pa nu râdre le kôɡɔ]

Ne pas nous rendre le Congo

Fig. A. Henry Morton Stanley, l’air nostalgique.

[ne pa nu râdre le kôɡɔ] (loc. belg. COLON.)

S‘il ne fait aucun doute pour les spécialistes que l’outre-Quiévrain possède un caractère suranné en sus de son surréalisme patenté, il peut s’avérer ardu de démêler dans le langage ce qui relève de l’usage de l’une ou l’autre de ces deux caractéristiques.

Bouffer son bricheton [bufé sô briStô]

Bouffer son bricheton

Fig. A. Jeune enfant ayant bouffé son bricheton. Circa 1904.

[bufé sô briStô] (loc. profi. JOUI.)

Profiter du meilleur avant de se rabattre sur le tout-venant s’exprimait initialement dans l’une de ces maximes désuètes dont aiment à se repaître almanachs et présentateurs télévisés des vicissitudes météorologiques : « manger son pain blanc ».

Être bien luné [ètre bjê lyné]

Être bien luné

Fig. A. Vénus bien lunée.

[ètre bjê lyné] (loc. hum. FESS.)

C‘est un combat à fleurets mouchetés qui a longtemps opposé défenseurs d’une langue sans effleurement libidineux et tenants de la galipette gaillarde autour d’une question : qu’est-ce que la Lune dans le langage ?