Catégorie : Faits divers

Couler un bronze [kule œ̃ bʁɔ̃z]

Expression surannée à forte teneur métallique et olfactive, évoquant une opération à la fois intime et sans grande poésie, mais réalisée avec panache lexical

Couler un bronze

Fig. A. « Le moderne coulant un bronze ». Musée Rodin.

[kule œ̃ bʁɔ̃z] (ARTIST. SCATO)

On pourrait croire à une noble activité artisanale : le fondeur, le moule, la coulée incandescente, le travail du métal, le chef-d’œuvre qui prend forme sous les mains expertes du sculpteur. On pourrait, mais ce serait oublier tout le côté taquin de la langue surannée.

Avoir un poil dans la main [a.vwaʁ‿œ̃ pwal dɑ̃ la mɛ̃]

L'accusation la plus velue de la langue française

Avoir un poil dans la main

Fig. A. Poilu de la main.

[a.vwaʁ‿œ̃ pwal dɑ̃ la mɛ̃] (IMAG. FLEM.)

Dans la hiérarchie des expressions stigmatisantes (les djeuns’ d’aujourd’hui s’en diront « chôqués »), avoir un poil dans la main occupe une place de choix.

Avoir la main verte [avwaʁ la mɛ̃ vɛʁt]

Illustration vintage d’un jardinier aux mains couvertes de terre cultivant des plantes luxuriantes – expression avoir la main verte

Fig. A. Main de jardinier.

[avwaʁ la mɛ̃ vɛʁt] (METAPH. AGRIC.)

Le joueur aura la main tout simplement. Le cogneur l’aura leste et sa victime courante. Le généreux sur le cœur. Le vicelard baladeuse. Le patineur l’aura jaune. Et ce n’est pas le peintre un peu brouillon qui aura la main verte.

Se gratter la couenne avec un clou rouillé [sə ɡʁa.te la kwan a.vɛk œ̃ klu ʁu.je]

Se gratter la couenne avec un clou rouillé

Fig. A. Quand ça grattouille.

[sə ɡʁa.te la kwan a.vɛk œ̃ klu ʁu.je] (loc. bêt. BRICOL.)

Quand un comportement fleure bon la mauvaise idée, l’imprudence crasse et le manque flagrant de discernement, il a une expression qui l’attend dans les temps surannés. Il se dit en effet d’un grand malavisé qu’il se gratte la couenne avec un clou rouillé. Pas besoin d’être bricoleur pour comprendre.

Jouer du peigne à friser les idées [ʒwe dy pɛɲ‿a fʁize lez‿ide]

Coiffeuse jouant du peigne

Fig. A. Coiffeuse jouant du peigne à friser les idées.

[ʒwe dy pɛɲ‿a fʁize lez‿ide] (métaph. BLABLA.)

Qu’elles fassent dans la litote ou l’euphémisme, l’anaphore ou l’oxymore, il est des figures de style qui se tiennent droites dans leurs bottes, aux idées bien carrées, lissées par la rigueur et rendant compte d’une pensée logique.

Être frais comme un pot de chambre [ɛtʁ fʁɛ kɔm‿œ̃ pɔ də ʃɑ̃bʁ]

Faussement flatteur, pour désigner un état peu engageant au réveil.

une femme fraîche mais fatiguée au réveil

Fig. A. Fraîche sur son pot de chambre.

[ɛtʁ fʁɛ kɔm‿œ̃ pɔ də ʃɑ̃bʁ] (métaph. FATIG.)

Il serait sans doute excessif d’énoncer tout de go que certaines expressions fleurent bon la naphtaline et la chambre sans salle d’eau (l’odeur dans ce cas n’est pas toujours des plus appréciables).

Siffler la fin de la récré [siflɛʁ la fɛ~də la ʁekʁe]

un professeur autoritaire devant sa classe

Fig. A. Quand le barbacole siffle la fin de la récré.

[siflɛʁ la fɛ~də la ʁekʁe] (scol. BORDEL.)

C’est une image sonore gravée dans les tympans de générations d’écoliers : ce coup de sifflet strident, tranchant l’air comme une injonction supérieure, annonçant que les hostilités enfantines de la cour de récréation doivent prendre fin sur l’heure.

Aller à la pêche au mégot [alɛʁ‿a la pɛʃ o meɡo]

Traîner sans but, glander dans la rue ou sur un quai.

personnage vintage et nonchalant dans les rues d'une ville avec une cigarette à la bouche

Fig. A. Pêcheur au mégot.

[alɛʁ‿a la pɛʃ o meɡo] (loc. cigar. GLAND.)

Expression d’un autre âge pour désigner l’art de traîner ses savates sans objectif clair ni réel enthousiasme tout en prétendant que l’on s’affaire, aller à la pêche au mégot n’est pas tout à fait glander, mais pas non plus œuvrer à la grandeur de la nation.