Gourgandine [ɡuʁɡɑ̃din]

Fig. A. De la sensualité. Musée de l'érotisme.

Fig. A. De la sensualité. Musée de l’érotisme.

[ɡuʁɡɑ̃din] (n. fém. COQUI.)

Gourgandine est un univers mielleux et libidineux à souhait à lui seul.

Ce mot délicieux porte en trois syllabes bien léchées un parfum d’alcôve et d’encens, un je-ne-sais-quoi de rideaux théâtraux et de soie sensuelle. La gourgandine ne se croise plus de jours, ou dans quelque recoin au secret bien gardé.

Elle est rare et précieuse, tout comme son expression qu’on ne trouve plus guère que dans les commentaires éclairés d’esthètes amateurs du XVIIᵉ siècle ou de lecteurs assidus d’Honoré de Balzac, mais l’époque est à Marc Lévy pas à Balzac. Non vraiment, gourgandine n’est plus d’époque. C’est bien dommage.

Chic ! [ʃik]

Fig. A. Le freak c’est chic ! Archives Studio 54.

[ʃik] (YES !)

Voici quelques jours, on m’interpellait sur le caractère suranné ou non de l’interjection chic !. Il s’avère que la question se justifie pleinement et qu’elle mérite réflexion. Chic est-il réellement suranné ?

Jean d’Ormesson [ʒɑ̃ _dɔʁmɛsɔ̃_]

Fig. A. Jean d’O.

[ʒɑ̃ _dɔʁmɛsɔ̃_] (n. prop. ÉCRIV.)

Le bel homme me le pardonne comme je le prends pour un mot, mais ce coquin pétillant de Jean d’Ormesson est parmi les humains les plus délicieusement surannés qui soient. Je ne vous ferai pas la bio du gonze, ni sa retape politique, pas plus que sa vie-son œuvre, vous avez accès à Wikipédia si besoin est. Ce qui compte tout à l’heure est de savoir comment fait Jean Bruno Wladimir François pour, à quatre vingt-dix balais révolus, conserver une telle foi en notre époque. Eh bien, tenez-vous à la rambarde, il est tout simplement convaincu que « ce n’était pas mieux avant », évitant ainsi de basculer coté ringard, has-been, tocard, vieux con. Jean d’O est un mec venu d’hier qui vit dans l’époque d’aujourd’hui. Avec sa verve son ton et ses aigus, ses vestes impeccables et ses manières d’hier, son œil qui frise quand il voit un jupon, le d’Ormesson est un gentil fripon, bref l’incarnation du suranné.

Les Mots bleus [lé mo blö]

Fig. B. Fleurs qui poétisent.

Fig. B. Fleurs qui poétisent.

[lé mo blö] (titre. CHANS.)
Les Mots bleus a été élue chanson surannée par un jury d’experts internationaux. Nul ne saurait remettre en cause ce sacre amplement mérité.

Non, il s’agit tout simplement ici de déterminer si l’interprétation la plus envoûtante est celle de Christophe ou celle plus tardive de Bashung. C’est tout et c’est déjà pas mal.

Derechef [dəʁəʃɛf]

Fig. A. De la réitération. Derechef et presto.

[dəʁəʃɛf] (n. m. RAPID.)

Derechef se marie bien à illico. Je trouve. Sa rime synonymique avec de nouveau peut-être. Surtout, derechef contient un je ne sais quoi d’impérieux, de magnifique, voire de dictatorial; son chef peut être ? Il y a du sbire dans derechef, du sous-fifre, de l’arpette, du second couteau. Derechef en impose, à l’ancienne, à la Gabin, à la Lino Ventura. Tu sens bien que l’explication de texte n’est pas loin si tu ne t’y conformes pas. Derechef nous la joue au regard sans avoir à en faire un peu plus.

Il y a chez derechef cette autorité naturelle, ce charisme que peu de mots charrient avec eux. Derechef est un mot comme on n’en fait plus.

Frimousse [fʁimus]

Fig. A. Frimousse en noir et blanc.

[fʁimus] (fam. FIG.)

La frimousse est une zone du corps qui se définit généralement par sa petitesse et la nécessité rapide d’un lavage en règle.

Sous sa première caractérisation de « petite frimousse« , elle apporte une idée de sympathie voire d’harmonie esthétique. Sous son appellation secondaire de « va te laver la frimousse«  elle s’inscrit dans une urgence quelque peu relative de respect des conditions d’hygiène nécessaires à la vie en communauté. Il est à noter que la frimousse bénéficiera favorablement d’une imagerie en noir et blanc (cf. œuvre complète de Robert Doisneau) et d’un énoncé par la voix de maman. C’est d’ailleurs uniquement pour ça que frimousse est surannée.

L’adolescence aidant, frimousse deviendra dans le meilleur des cas belle gueule, dans le pire sale tronche, toutes deux nettement plus contemporaines. Je n’y peux rien, ce n’est pas moi qui commande, c’est la vie des mots.