La cloche [la klɔʃ]

Fig. L. Carte de tarot représentant un galvaudeux et son chien joyeux.

Fig. L. Carte de tarot représentant un galvaudeux et son chien joyeux.

[la klɔʃ] (n.m. FAM.)

La cloche

Avant, en ces temps surannés ancestraux, on en était (de la cloche) comme on pouvait en être du bâtiment, comme on est Citroën plutôt que Peugeot¹, ou sucré mais pas salé, rouge sur blanc tout fout l’camp, etc.

Les coudières [le _kudjɛʁ_]

Fig. A. Les coudières de Monsieur sont prêtes, Monsieur.

[le _kudjɛʁ_] (n.m. MOD. PARAD.)

Deux concepts complexes, j’en conviens, à envisager de concert : la mode et le suranné.

À la papa [a la papa]

Fig. A. Père peinard et son fils.

[a la papa] (EXPR. FAM.)

Àla papa fait partie de ces expressions délicieusement surannées qui donnent un ton à la fois respectueux, ironique et charmant au verbe auquel elles se rapportent. C’est une règle de construction du langage, n’en déplaise aux branchés du parler qui fait jeune.

Faire un truc à la papa c’est en effet le faire avec quiétude et même avec application, comme un p’tit père peinard ventripotent certes mais pas excité pour deux ronds. Conduire à la papa, jouer à la papa. Et même si ça énerve (ouh que ça m’énerve !), c’est d’une colère affectueuse que je te le dirai. Eh oui, parce que à la papa c’est comme le fait mon papa à moi, et je ne vais pas m’énerver contre mon papa à moi, même si des fois… ouh qu’il m’énerve ! Et en plus j’espère moi aussi le faire aussi un jour à la papa comme ça je pourrai énerver mes enfants et ça me fera bien marrer (et ça me fera aussi penser à mon papa).

Faire les trucs à la papa c’est juste les faire en prenant le temps d’apprécier de tout petits instants du quotidien et du coup ça mérite bien une place en suranné. Allez, j’vais boire un verre au Père Tranquille avec les potes.

La baguette en alu [la baɡɛt ɑ̃ _aly_]

Fig. A. Du temps de la conduite courtoise.

[la baɡɛt ɑ̃ _aly_] (n.f. MÉCA.)
Tu es amateur de tuning, sois le bienvenu : aujourd’hui on parle bagnole. Enfin on va surtout faire le point sur un tout petit élément de rien du tout, un infime détail qui change tout et qui fait passer du commun au suranné : la baguette en alu.

La baguette en alu est à la voiture ce que le khôl est à l’œil, un souligné léger indécemment sexy, une subtilité quelque peu appuyée dont on ne peut se passer. Elle se situe généralement aux entournures, aux commissures, en ces endroits sans importance que le regard semble oublier mais qu’il a pourtant bien enregistrés. La baguette en alu est une coquetterie d’un autre temps où la voiture n’était alors point honnie et son design travaillé en faisait un objet digne de circuler dans nos rues, pas un tas de ferraille encombrant et sans forme. La baguette en alu se joue de la lumière, complice des reflets insignifiants, faisant durer le charme d’une couleur de carrosserie, galvanisant le galbe d’un capot travaillé, marquant le passage du verre d’un pare-brise à l’acier de la tôle.

La baguette en alu devait coûter trop cher ou peut-être a-t-elle finit par irriter des ingénieurs, des cost-killers, des créateurs, des décideurs. Elle a donc disparu. Elle a rejoint le pneumatique à flanc blanc et la conduite courtoise. Si, si, je vous le dis, les trois ont disparu d’un coup d’un seul, je suis formel.

Cabinet de curiosités [kabinɛ də kyʁjozite]

Fig. A. Un cabinet de curiosités.

[kabinɛ də kyʁjozite] (n.m. ANTHROP.)

Divin fatras, génial amoncellement, ordonnancement accumulé, foutoir organisé, le cabinet de curiosités est la plus fabuleuse des pièces d’une maison. Il est tout aussi fondamental qu’une salle de bains, tout aussi indispensable qu’une cuisine, tout aussi nécessaire qu’une chambre, qu’on se le dise. Mais des promoteurs pressés ont voulu l’oublier, le rendant suranné. Les maudits que voici !

Les bonbons à la violette [le bɔ̃bɔ̃ a la vjɔlɛt]

[le bɔ̃bɔ̃ a la vjɔlɛt] (n.m. plur. CONFIS.)

Dans la catégorie des friandises surannées, voici venir l’atout sucré de mon arrière-grand-mère, la petite douceur au goût unique, l’argument majeur pour arrière-petit-fils remuant en fin de repas : les bonbons à la violette.

Les bonbons à la violette sont précieusement cachés dans une boîte en porcelaine elle-même placées en haut du buffet pour qu’aucun garnement ne puisse y accéder. J’ai le droit d’en attraper un délicatement si j’ai bien mangé et que je me tiens sage pendant que les grands prennent le café. C’est un, et pas deux. Mais je sais bien qu’elle laisse la boîte à ma portée pour que je puisse en chaparder un deuxième car elle m’a fait un clin d’œil. Les bonbons à la violette c’est notre petit secret complice.

Ils ont disparu en même temps que mon arrière-grand-mère. Ils étaient nés tous deux au XIXᵉ siècle, ils avaient bien le droit de se reposer un peu. On m’a dit qu’on pouvait en trouver du côté de Toulouse. J’irai voir ça un de ces jours.