[ne pa nu râdre le kôɡɔ] (loc. belg. COLON.)
S‘il ne fait aucun doute pour les spécialistes que l’outre-Quiévrain possède un caractère suranné en sus de son surréalisme patenté, il peut s’avérer ardu de démêler dans le langage ce qui relève de l’usage de l’une ou l’autre de ces deux caractéristiques.
C’est là la tâche d’un Dictionnaire raisonné des mots surannés et expressions désuètes dont l’effort pédagogique permet de rendre compte de ne pas nous rendre le Congo, expression belge mettant en scène les affres du temps qui court.
Il s’en est cependant fallu de peu que le soupçon de taedium vitae que charrie le fait de babeler tout ça ne nous rendra pas le Congo ne soit anglais, Henry Morton Stanley s’avérant en effet sujet Britannique avant de se décider à effectuer les emplettes africaines de Léopold II, et d’acquérir le Congo pour le roi des Belges¹ (tout en demeurant Anglais).
C’est l’histoire d’un Anglais et d’un Belge en Afrique
L’expression aurait alors filé chez la perfide Albion, privant la langue officielle de la République Démocratique du Congo, de la Belgique et de la France, de cette mise en abîme des choses qui ne reviendront pas parce que c’est le Progrès. Un véritable drame, donc.
La rencontre du 10 juin 1878 entre les deux hommes en aura opportunément décidé autrement, le premier admettant que son tailor et la reine Victoria étaient beaucoup moins rich que Léopold Louis-Philippe Marie Victor de Saxe-Cobourg-Gotha dont les subventions valaient bien une concession linguistique. Le destin d’une locution tient parfois à peu de choses, ne m’en parlez pas ma pauvre dame.
La majesté de tout ça ne nous rendra pas le Congo fera l’objet de copies de moindre envergure parmi lesquelles on pourra citer tout ça ne nous ramènera pas Mike Brant², et un curieux tout ça ne nous rendra pas l’Angleterre qui s’entend en Anjou.
Entre spleen et langueur, pessimisme et navrance, ne pas nous rendre le Congo trouvera une place unique dans le parler particulier du plat pays et fera une belle carrière de Namur à Bruxelles.
C‘est le 30 juin 1960, comme le Congo belge se mue en République du Congo et gagne son indépendance, que ne pas nous rendre le Congo devient une expression surannée.
Notons que son usage sera aussi en vigueur de Kinshasa à Lubumbashi quand naîtra la république du Zaïre du général Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa za Banga, les opposants à l’homme à toque de léopard trouvant que sa conception de la politique ne leur rendrait pas le Congo, mais ceci est une autre histoire désuète elle aussi.