Catégorie : Faits divers

Le jardin des pontes [le Zardê dé pôt]

Fig. A. Y a d’la rumba dans l’air.

[le Zardê dé pôt] (gr. n. JEU)
Cest un suranné printanier qui nous convie aujourd’hui à l’étudier. Et pour palabrer tranquillement il nous attend dans le jardin, à la française ou à l’anglaise, ce sera comme vous voudrez. Venez vous asseoir sous le grand arbre, nous y serons bien à l’ombre. Avant peut-être de nous y retrouver à nouveau, à l’ombre.

22 voilà les flics [vêt-dö vwala lé flik]

22 voilà les flics

Figure. F. Contrrrôle du véhicule. Archives Gendarmerie Nationale.

[vêt-dö vwala lé flik] (interj. exclam. TAÏAU.)

Quand la maréchaussée pointait le bout du nez ou plutôt celui de son bâton, le monte-en-l’air, l’arnaqueur, le rat d’hôtel, le malandrin avaient comme surannée exclamation en guise d’annonce de débandade celle du 22 voilà les flics. C’est en tout cas ce que me racontaient les films et les bouquins.

Mener une vie de bâton de chaise [mené yn vi de batô de Sèz]

Fig A. Chaise à porteurs et ses bâtons.

[mené yn vi de batô de Sèz] (gr. n. FIESTA.)

Il est dans la langue surannée quelques analogies qui laisseront pantois le béotien moderne mais feront le régal du praticien classique. Si l’on peut être choqué par les œufs en couille d’âne, si l’on peut hésiter à aller chez le merlan, s’il est toujours délicat de se faire empapaouter, il est déconcertant de mener une vie de bâton de chaise.

Trois francs six sous [trwa frâ sis su]

Fig. A. 1 Franc !

[trwa frâ sis su] (unit. mon. POGN.)

Leuro, monnaie moderne et bien pratique (n’est-ce pas là l’objectif de toute modernité d’ailleurs, la praticité ?) nous a envoyé paître en surannéité une unité de mesure de plus et avec elle l’expression du bien peu.

Clopin-clopant [klòpêklòpâ]

Clopin-clopant

Fig. A. Fig. A. Et je m’en vais clopin-clopant 🎶
Dans le soleil et dans le vent.

[klòpêklòpâ] (nom et part. prés. MARCH.)
Comme vous l’avez à maintes reprises constaté, le suranné a l’art du descriptif et pour s’enorgueillir d’être compris de tous n’hésite pas à faire dans le direct (c’est par exemple Gros-Jean comme devant), dans l’imagé (c’est la maison poulaga) et parfois dans le redondant (c’est ce qui nous occupe aujourd’hui). Nom et participe présent, celui qui n’aura pas compris sera prié de retourner à ses études parce que là, clopin-clopant fait tout de même le maximum. Mais ne nous perdons pas en sarcasmes inutiles, il y a un sens à la répétition.

Pomme [pɔm]

Fig. A. Pommes. Musée Y'a d'la pomme, Montauban.

Fig. A. Pommes. Musée Y’a d’la pomme, Montauban.

[pɔm] (n. fém. FRUI.)
Ça y est, il est devenu fou. Vous l’avez pensé, atterré(e), en lisant le titre princeps.

Comment un fruit pourrait-il être suranné ? Je sais bien que des légumes le sont, prenez les topinambours par exemple, mais un fruit… Un fruit ! Eh bien mes amis, si la pomme n’est pas en elle-même surannée, je vous l’accorde, apprenez que des gestes qui l’utilisent peuvent l’être.

La Noiraude [la nwaʁod]

La Noiraude

Fig. A. Extrait d’un manuel scolaire du XXᵉ siècle. « La campagne expliquée aux Parisiens » (Lag.&Mich.).

[la nwaʁod] (n. propr. VACH.)

Politiquement correct et langage suranné ne font parfois pas bon ménage. Vous savez combien le moderne aime le lisse, le sans relief, le diaphane et le neutre, le pisse-vinaigre et le peine-à-jouir. Je vous préviens de suite le mot que voilà peut vous choquer si à l’aveugle vous préférez le non-voyant ou au con le mal-comprenant. Dans ce cas ne lisez pas ce qui suit, je n’en serai nullement fâché.

Roupie de sansonnet [ʁupi də sɑ̃sɔnɛ]

Roupie de sansonnet

Fig. A. புதுச்சேரி.

[ʁupi də sɑ̃sɔnɛ] (unit. mes. IND.)
Nos anciens mesuraient tout. Une étrange et douce folie sans doute mais ils avaient le souci de peser, de quantifier, de compter, d’évaluer. C’est pourquoi l’époque surannée regorge d’unités plus ou moins farfelues à nos yeux modernes et incrédules mais bien utiles et efficaces en leur temps. Ainsi en est-il de la roupie de sansonnet.

Casser la croûte [kase la kʁut]

[kase la kʁut] (verb. 1er gr. CUIS.)

Abraham Maslow avait à juste titre décidé de classer la faim parmi les besoins les plus fondamentaux de l’être humain dans sa Theory of Human Motivation parue en 1941. Ce besoin physiologique aussi vieux que l’homme est homme a trouvé forme communicable dans de nombreuses expressions dont certaines sont aujourd’hui dépassées (le « Agougou agou agou » de l’australopithèque qui réclame sa part de mammouth par exemple), d’autres tristement modernes (« Y’a qu’chez Flunch qu’on peut fluncher » avec frites à volonté évidemment), et d’autres encore surannées. C’est sur l’une d’entre elles présente dans cette dernière et noble catégorie que nous ferons lumière en ce jour.