Catégorie : Faits divers

Jojo (être/ne pas être) [ZòZo]

C'est pas jojo

Fig. A. To be, or not to be: that is the question.

[ZòZo] (n. prop. HAML.)

Si être ou ne pas être est bien la seule question qui vaille (le cas échéant relisez l’acte III scène 1 de qui vous savez), elle pourra s’appliquer à d’autres pans de la comédie humaine que ceux de la vie et la mort, comme par exemple les voitures (on est Peugeot tout comme on n’est pas Citroën), le pinard (certains sont Bordeaux alors que d’autres sont Bourgogne et rien d’autre), le football (on ne peut être OM si l’on est PSG) et bien évidemment les femmes (certains sont blondes et ne sauraient être brunes). Oui, Shakespeare est partout.

En prendre plein les mirettes [â prâdre plê lé mirèt]

Fig. A. Malicieuse et séduisante mirette droite.

[â prâdre plê lé mirèt] (loc. verb. OH !)

L‘ébaudissement est un état courant au temps du suranné, et il en est de l’étonnement pour celui qui le vit comme de l’envol pour le perdreau de l’année : un émerveillement quotidien. C’est pour cela que le langage d’alors, dans son grand pragmatisme, bâtit une locution emplie de poésie.

Écraser un grain [ékrazé ê ɡrê]

Fig. 1. Cuves à bière. Musée Heineken.

[ékrazé ê ɡrê] (gr. verb. BALTO.)

Lorsque le contemporain s’essaye au suranné sans avoir franchi les nécessaires étapes d’apprentissage que sont, dans l’ordre, la lecture de San Antonio, le visionnage répétitif d’Un singe en hiver et divers chefs d’œuvre du 7ᵉ art, la consommation d’un Picon bière au Penalty, et pour finir un stage de découverte de l’entreprise à la chaîne de quelque usine travaillant en trois huit, il risque tout simplement de faire un bide.

Branler le mammouth [brâlé le mamut]

Branler le mammouth

Fig. 1. Placide mammouth à queue poilue.

[brâlé le mamut] (loc. mili. PALEO.)

Homo erectus croisait déjà régulièrement des mammouths sur sa route il y a quelques centaines de milliers d’années et il en fut de même pour son descendant Homo sapiens qui alla jusqu’à peinturlurer les murs de son habitat avec des dessins de la bestiole (158 mammouths dans la grotte de Rouffignac, preuve s’il en faut qu’il y a 13 000 ans on faisait déjà de drôles de rencontres en Dordogne).

Se piquer la ruche [se piké la ryS]

Se piquer la ruche

Fig. M. Ruche du Luco. Sénat.

[se piké la ryS] (loc. verb. ALCOO.)

L‘abeille nous est des plus précieuses en ce bas monde et si ça continue comme ça, monsieur Monsanto, il se pourrait que les générations futures rencontrent quelques problèmes pour expliquer comment ont fait les bébés en se servant de l’allégorie pollinisatrice de la reproduction sexuée des plantes à fleurs par Maya et Willy¹, car l’abeille disparaît.

Au lion d’or [o ljô dòr]

Au lion d'or

Fig. A. Hôtel Au Lion d’or, Palavas-les-Flots.

[o ljô dòr] (n. RUGI.)

Le calembour est par essence le trait d’esprit prisé du chansonnier du XIXᵉ siècle.

Suranné donc, car il ne vous aura pas échappé que l’interprète de chansons satiriques avait fané, remplacé par des comiques faisant leur travail debout et riant de leur propres blagues, impudeur outrancière que n’importe quel pétomane ne se serait jamais permis au temps du music-hall (mais ceci est une autre histoire).

Être en dehors des clous [ètr â deòr dé klu]

Fig. A. Les rues de Paris et leurs clous qui firent l’aura romantique de la ville lumière et de ses poulbots.

[ètr â deòr dé klu] (gr. verb. ANAR.)

Selon l’article R. 411–15 du code de la route, tout conducteur est «tenu de céder le passage, au besoin en s’arrêtant, au piéton s’engageant régulièrement dans la traversée d’une chaussée ou manifestant clairement l’intention de le faire ».

En quelques mots, la loi promeut une certaine idée du chaos, de l’anarchie routière, puisqu’elle autorise chacun d’entre nous à être en dehors des clous. Ce qui demande explication.

Se faire manger la laine sur le dos [se fèr mâZé la lèn syr le do]

Se faire manger la laine sur le dos

Fig. M. Pour une laine de qualité exigez le label 100% naturelle.

[se fèr mâZé la lèn syr le do] (loc. verb. BÊÊÊ.)

À poil laineux, à poil laineux, à poil ! Mais si, vous l’avez chantée celle-là aussi, j’en suis certain. Entre une chasse au dahu et une veillée guitare, en colonie de vacances. Non ? Ah, vous voyez… (on est entre nous je ne cafterai pas). Bien, maintenant définissons.

Turbin [tyrbê]

"Fig.

[tyrbê] (n. masc. PLOMB.)
Qu’il soit salarié, forcé, grassement rémunéré, domestiqué, parcellisé, précarisé, divisé, flexibilisé, infantilisé, uberisé, le travail obsède les écrivains, les sociologues, les idéologues, les philosophes, les politiques et tous les hommes qui n’en ont pas ou bien qui en ont trop.

Ce faisant chacun de ces sachants a son idée précise du nom dont il faut l’affubler : emploi, condamnation, exploitation, esclavagisme, accomplissement, occupation, situation, corvée, activité…

Manger la grenouille [mâZé la ɡrenuj]

Fig. A. Alice rencontrant son prince charmant encore caché sous les traits d'une grenouille.

Fig. A. Alice rencontrant son prince charmant encore caché sous les traits d’une grenouille.

[mâZé la ɡrenuj] (loc. verb. CÔA.)

Parmi les menus défauts dont de perfides langues aux accents aigus et chuintants chargent les dignes représentants de la nôtre, il est celui d’aimer la cuisse. De grenouille évidemment, la maison ne s’aventurant jamais en dessous de la ceinture, vous le savez.

Que ces maroufles d’Albion ou d’ailleurs incapables d’apprécier le goût unique des pattes de batraciens ne se compromettent pas dans les lignes qui suivent, ils risqueraient la crise d’apoplexie. Et il serait tout de même dommage (pour eux) de s’étouffer fatal, en avalant une langue qui n’est pas la leur natale.