[se ɡrèsé le tòbòɡâ] (loc. sport. ALCOO.)
Seuls des natifs du pays de la glisse pouvaient imaginer une structure permettant à la fois de faire marrer les enfants des mégapoles sans arbres (et aussi de leur briser les incisives, mais ceci est une autre histoire) et de satisfaire les plus grands avec une expression à boire comme la langue française sait en produire.
Wobanakis, Micmac et autres Inuits du grand Nord sont donc à l’origine de l’invention du toboggan – ou tabaganne comme on dit chez eux – lui-même indispensable à se graisser le toboggan, doux euphémisme sur la facilité à s’humecter le gosier de préférence avec une boisson alcoolisée.
Jouant de la quelque peu tirée-par-les-cheveux ressemblance entre l’œsophage et la glissoire métallique du square André Malraux (en un siècle où le bon docteur Béclère n’avait pas encore pratiqué sa première radiographie et où l’intérieur du corps était encore à explorer, ceci rendant sans doute cela plus facile à avaler), se graisser le toboggan célèbre donc ce sport national qu’est la descente de bibine, tout schuss de préférence.
Se graisser le toboggan peut se pratiquer au Balto en équipe, l’émulation entre participants poussant alors à la performance, ou dans tout autre lieu où importe plus l’ivresse que le flacon pour les adeptes du solo.
Qui se graisse le toboggan en revient en effet généralement oint de vergogne
L’adepte de la glisse sur rampe aura décidé pour d’évidentes raisons de discrétion qu’il valait mieux user du verbe graisser, qui n’a pourtant rien à faire là, plutôt que de remplir, inonder, garnir ou imprégner qui auraient été sans ambiguïté. Qui se graisse le toboggan en revient en effet généralement oint de vergogne (peindre la ville en rouge n’est pas sans conséquences) et le pochetron fait rarement le malin avec sa gueule de bois du lendemain.
Il sera inutile de préciser que le graissage de toboggan remporta un franc succès.
Craignant que l’expression n’entraîne les jeunes et innocentes têtes blondes de tous les squares André Malraux de France vers les confins de la bamboche imbibée au Malibu orange ou à la Suze, un sain sursaut de la santé publique démonta l’expression et les toboggans stupreux¹.
Et ça dégraissa sec dans le petit monde de la soûlographie. Sans toboggan plus rien à pommader, CQFD.
L’effet fut immédiat : se graisser le toboggan bascula dans les monde des expressions désormais désuètes.