Souvent moqueur, jamais méchant, est le langage suranné. Une ligne qu’il ne quitte jamais, même quand il s’agit de décrire le doux rêveur perdu dans ses pensées, y compris si son air frôle celui de l’ahuri de Chaillot.
Fig. A. Exemple de mauvaise numérotation d’abattis.
[nyméròté séz- abati] (loc. guerr. NUM.)
Quand toutes les chances ont été données à la paix sans pour autant rencontrer de succès, quand les coups de semonce n’ont pas découragé les excités, il faut se préparer à la baston. Celle qui montre qui c’est Raoul, celle dont on sait qu’elle va éparpiller par petits bouts, façon puzzle.
Fig. A. Habitants des Petites-Maisons. Jérôme Bosch.
[abité o petitmèzô] (loc. verb. FOL.)
Chaque région de France possède sa propre expression pour désigner sa nef des fous, qui contient généralement le nom de la localité accueillant l’hôpital psychiatrique du coin¹.
On se prévaut, la plupart du temps, de ne pas y loger ou on conseille à un contradicteur d’aller s’y faire examiner d’urgence, le propos ne pouvant évidemment être compris que par les gens du cru².
Fig. A. Au marché, chien espérant une saucisse. L’Illustration, Journal Universel, Paris, 1857.
[nə pa ataʃe sɔ̃ ʃjɛ̃ avɛk de sosis] (loc. can. CHARCUT.)
Évagre le Pontique avait tout le temps nécessaire à une réflexion poussée, le bon moine vivant dans le désert de Nitrie peu fréquenté en ce quatrième siècle après JC.
On peut donc lui accorder tout le crédit possible et prendre pour argent comptant les huit passions sources de tous les maux (qui deviendront un peu plus tard les sept péchés capitaux) que l’anachorète détermina après moult débats avec lui-même et peut-être quelques disciples.
L‘accueillante confrérie de l’hostellerie avait déjà bien chargé la barque de la langue surannée en inventant Au lion d’or, premier jeu de mot dit « de commerce » qui ouvrit la voie aux « Sam décoiffe » et autres « Sup’hair belle », « Ainsi soit tifs », de leurs voisins de pas de porte les merlans¹.
Manger et foutre sur la gueule du voisin demeurent les deux premières préoccupations majeures depuis que l’on recense de l’humain sur Terre. Vient ensuite celle de reproduction de l’espèce ou du moins d’entraînement à la chose.
Fig. A. Adam en tarare pon-pon baratinant la blonde Ève. Marcantonio Raimondi.
[tarar pònpô] (onomat. FANFA.)
Depuis qu’Adam s’est vu comparé au serpent par une Ève gourmande, il n’a eu de cesse d’inventer des stratagèmes compliqués pour se mettre en avant et prouver combien son appendice n’a rien à envier à celui de Nahash.
La légende urbaine (bien différente de l’historique, sérieuse quant à elle) raconte que la dyslexie spontanée et fou-riante générée par la dénomination des citoyens de Sybaris, entraîna la chute en désuétude de l’expression mou comme un Sybarite. Triste et risible à la fois fut donc le destin de cette historique comparaison.