Catégorie : Langues

Sucrer les fraises [sykré lé frèz]

Fig. A. Dis ce que penses, advienne que pourra ! devise d’Aurélien Scholl. Dessin, André Gill.

[sykré lé frèz] (loc. verb. DESSER.)
Râleur et tremblotant, le vieillard cacochyme des années surannées coule des jours paisibles au cœur de la maisonnée. Même pour la moquerie adressée à ses gestes imprécis, la langue de ces temps là a prévu une formule jolie et imagée, c’est dire s’il est choyé.

Bouder aux dominos [budé o dòmino]

Fig. A. Dentition de Patrick Sabatier. Musée TF1.

[budé o dòmino] (gr. verb. DENT.)

Avant d’être un moderne vendeur de pizzas, le domino est un jeu de société venu du lointain et mystérieux Empire du milieu par la route de la soie.

Eh oui djeun’s lecteur, je sais, ça fait un choc. Mais tu n’es pas au bout de tes surprises : certains prétendent que Toutânkhamon était un grand adepte des petits rectangles marqués de points, il y a plus de deux mille trois cents ans !

Envoyer à dache [âvwajé a daS]

Envoyer à dache

Fig. A. Mégère envoyant à dache un mari pataud.

[âvwajé a daS] (gr. verb. ZOUAV.)

Qu’on le nomme Lucifer, Satan, Huwawa, Seth, ou de mille autres façons, le diable, grand patron des anges déchus, est bel et bien partout (et pas que dans les détails).

Se casser la nénette [se kasé la nénèt]

Se casser la nénette

Fig. A. Guerrier maori avec son casse-nénette.

[se kasé la nénèt] (gr. verb. RAF.)

Non, il ne sera pas question en ces lignes de belles carrosseries et de petit coup de Polish à donner pour faire briller la couleur. Pour le tuning et divers arts décoratifs sur véhicules, vous trouverez de nombreux ouvrages très savamment documentés, tous prêts à vous définir lanénette comme une brosse à lustrer. Mais pas de ça en ce savant dictionnaire.

Ficher son billet [fiSé sô bijè]

Ficher son billet

Fig. A. Homme fichant son billet à un autre. Eau forte.

[fiSé sô bijè] (loc. verb. AMOU. ARG.)

Dans le monde interlope on donne sa parole. Et il est préférable de la respecter… Dans le monde plus classique on paraphe des contrats. Qu’on honorera bien entendu.

À l’usage du dauphin [a lyzaZ dy dofê]

Fig. Le Dauphin comme un poisson dans l’eau sur le champ de bataille.

[a lyzaZ dy dofê] (loc. roy. XIV)

Quand il parvient du louchébem le langage suranné sait se taper sur le ventre virilement, mais si c’est à la cour qu’on l’entend, ronds de jambes, génuflexions et serviles révérences l’accompagneront.

Ramer des gencives [ramé dé Zâsiv]

Fig. A. Galériens ramant, Ulysse ramant des gencives.

[ramé dé Zâsiv] (loc. verb. GAL.)

Ses détracteurs¹ disent de ce savant dictionnaire raisonné des mots surannés et expressions désuètes, qui comme vous le savez contient des centaines de définitions rigoureuses en bidules, littératures, sciences, langues, arts, sports, pensées & élégances, qu’il n’est que palabres et bafouillages. Des jaloux !

Ne pas se prendre pour la queue d’une poire [ne pa se prâdre pur la kö dyn pwar]

Ne pas se prendre pour la queue d’une poire

Fig. A. Des pommes, des poires et des scoubidoubidous.

[ne pa se prâdre pur la kö dyn pwar] (loc. verb. FRUI.)

Le degré supérieur de la prétention semble avoir été trouvé (par la langue) dans l’évocation du pédoncule haut d’un fruit doux et sucré, connu sous les appellations de Belle épine du Mas, Beurré Chaboceau, Alexandrine Douillard, Doyenné du Comice, Colmar de Chin et deux milles autres aux noms tout autant délicieux : la poire.

Tortiller de l’angluce [tòrtijé de lâɡlys]

Tortiller de l’angluce

Fig. B. Oies gardant le Capitole.

[tòrtijé de lâɡlys] (loc. verb. VAE VIC.)

Poulardes, faisans, cygnes, paons, alouettes et autre voletailles se dégustaient cuites à la broche accompagnées de sauces riches à souhait, dans ces temps ancestraux où le repas devait faire gonfler une panse qui se viderait peut-être de ses tripes quelques heures plus tard sur quelque champ de bataille, éventrée par une épée ennemie, c’est ainsi (et c’est aussi une autre histoire).

Passer à l’as [pasé a las]

Fig. A. Le Tricheur à l’as de carreau, Georges de la Tour. Musée du Louvre.

[pasé a las] (loc. verb. CART.)

En guise de pied de nez anticipé à tous ceux qui n’oseraient plus la parler plus tard, bien plus tard, la prévoyante langue surannée avait offert les mots pour signifier sa disparition à venir.

Comme de bien entendu, la maline l’avait fait avec son sens de la brouille des cartes, sachant bien que le moderne se piquerait de comprendre son passer à l’as même sans y entendre grand chose. La perfide…