Catégorie : Langues

RAS dans le talweg [èr a ès dâ le talwèɡ]

Fig. A. RAS dans le talweg mon adjudant.

[èr a ès dâ le talwèɡ] (loc. milit. COOL.)

La Grande Muette ne l’est pas tant que cela pour qui sait écouter ses adjudants-chefs détenteurs des expressions orales qui ont fait vibrer les tympans de générations de conscrits perplexes.

Porter la Sorbonne à Charlot [pòrté la sòrbòn a Sarlo]

Porter la Sorbonne à Charlot

Fig. A. Louison, Louisette, Mirabelle, la veuve, l’abbaye de monte-à-regret.

[pòrté la sòrbòn a Sarlo] (loc. judic. EXÉC.)

Dans un pays d’intellectuels comme la France, c’est à la tête qu’on s’attaque quand on veut sanctionner. En la tapotant pour une petite bêtise, en tirant ses oreilles pour une insolence, en cognant très fort dessus en cas de manifestation sur la voie publique, en la coupant quand il n’y a vraiment rien d’autre à faire.

Ne pas y avoir de lézard [nə pa i avwaʁ də lezaʁ]

Ne pas y avoir de lézard

Fig. A. Iguane sans problème.

[nə pa i avwaʁ də lezaʁ] (loc. animal. MUSIQ.)

Descendant direct des dragons mythologiques, le lézard indique par sa présence ou absence qu’une situation est sous contrôle ou non. C’est étrange, certes, mais c’est ainsi dans le langage suranné.

Changer l’eau des olives [ʃɑ̃ʒe lo dez- ɔliv]

Changer l'eau des olives

Fig. A. « Je vais changer l’eau des olives, René tu nous remets la p’tite sœur pendant ce temps ? ».

[ʃɑ̃ʒe lo dez- ɔliv] (loc. urin. OLIV.)

En 1545, Charles Estienne, médecin, écrivain et imprimeur de son état, publie le fameux De Dissectione partium corporis humani, qui nous autorise à penser qu’au XVIᵉ siècle on est en mesure de savoir que l’urine est contenue dans la vessie avant de rejoindre le caniveau.

Baiser le babouin [beze lə babwɛ̃]

Baiser le babouin

Fig. A. Cynocephalus Hamadryas.

[beze lə babwɛ̃] (loc. sex. HUMIL.)

Toute libidineuse qu’elle soit parfois, la langue surannée n’encourage aucunement les comportements déplacés avec les animaux.

Coûter bonbon [kute bɔ̃bɔ̃]

Coûter bonbon

Fig. A. Un bonbon = une peau de zibeline.

[kute bɔ̃bɔ̃] (loc. verb. CONFIS.)

C‘est l’une des plus vieilles expressions surannées.

Pour aider le lecteur à la situer dans les temps improbables où elle est née, signalons qu’elle est liée à l’économie de troc, quand un marcassin valait une fourrure de zibeline, quand une gravure sur la roche s’échangeait contre de la racine de manioc (si l’auroch était bien dessiné).

Faire une tête de monsieur-votre-bite-a-un-goût [fèr yn tèt de mesjö vòtre bit a ê ɡu]

Fig. A. Muscles faciaux en action pour faire une tête de monsieur-votre-bite-a-un-goût. Musée de l’Homme.

[fèr yn tèt de mesjö vòtre bit a ê ɡu] (loc. verb. BIT.)

Il existe de nombreux degrés dans la grimace de dégoût. Conséquemment, des dizaines d’expressions les traduisent, souvent avec une précision telle que leur simple énoncé peut entraîner des nausées voire écorcher le renard. La force évocatrice du langage…

Ça boume [sa bum]

Fig. A. L’un des Quatre de Paris.

[sa bum] (exp. onomat. FAM.)

La chanson est au langage suranné ce que le carbone 14 est à la paléontologie : un sceau scientifique indiscutable authentifiant toute datation.