Catégorie : Langues

À l’usage du dauphin [a lyzaZ dy dofê]

Fig. Le Dauphin comme un poisson dans l’eau sur le champ de bataille.

[a lyzaZ dy dofê] (loc. roy. XIV)

Quand il parvient du louchébem le langage suranné sait se taper sur le ventre virilement, mais si c’est à la cour qu’on l’entend, ronds de jambes, génuflexions et serviles révérences l’accompagneront.

Ramer des gencives [ramé dé Zâsiv]

Fig. A. Galériens ramant, Ulysse ramant des gencives.

[ramé dé Zâsiv] (loc. verb. GAL.)

Ses détracteurs¹ disent de ce savant dictionnaire raisonné des mots surannés et expressions désuètes, qui comme vous le savez contient des centaines de définitions rigoureuses en bidules, littératures, sciences, langues, arts, sports, pensées & élégances, qu’il n’est que palabres et bafouillages. Des jaloux !

Ne pas se prendre pour la queue d’une poire [ne pa se prâdre pur la kö dyn pwar]

Ne pas se prendre pour la queue d’une poire

Fig. A. Des pommes, des poires et des scoubidoubidous.

[ne pa se prâdre pur la kö dyn pwar] (loc. verb. FRUI.)

Le degré supérieur de la prétention semble avoir été trouvé (par la langue) dans l’évocation du pédoncule haut d’un fruit doux et sucré, connu sous les appellations de Belle épine du Mas, Beurré Chaboceau, Alexandrine Douillard, Doyenné du Comice, Colmar de Chin et deux milles autres aux noms tout autant délicieux : la poire.

Tortiller de l’angluce [tòrtijé de lâɡlys]

Tortiller de l’angluce

Fig. B. Oies gardant le Capitole.

[tòrtijé de lâɡlys] (loc. verb. VAE VIC.)

Poulardes, faisans, cygnes, paons, alouettes et autre voletailles se dégustaient cuites à la broche accompagnées de sauces riches à souhait, dans ces temps ancestraux où le repas devait faire gonfler une panse qui se viderait peut-être de ses tripes quelques heures plus tard sur quelque champ de bataille, éventrée par une épée ennemie, c’est ainsi (et c’est aussi une autre histoire).

Passer à l’as [pasé a las]

Fig. A. Le Tricheur à l’as de carreau, Georges de la Tour. Musée du Louvre.

[pasé a las] (loc. verb. CART.)

En guise de pied de nez anticipé à tous ceux qui n’oseraient plus la parler plus tard, bien plus tard, la prévoyante langue surannée avait offert les mots pour signifier sa disparition à venir.

Comme de bien entendu, la maline l’avait fait avec son sens de la brouille des cartes, sachant bien que le moderne se piquerait de comprendre son passer à l’as même sans y entendre grand chose. La perfide…

Sensass [sâsas]

Sensass

Fig. Bien avant le moderne like, le suranné sensass.

[sâsas] (exclam. SUP.)

Exclamation dithyrambique diminutive d’un sensationnel bien trop guindé, sensass est une apocope familière qui marque le caractère exceptionnel de la personne, de la situation ou de l’objet auquel elle s’applique.

Sec comme les couilles à Taupin [sèk kòm lé kuj a topê]

Sec comme les couilles à Taupin

Fig. A. L’abbé Taupin relisant la recette du cake aux olives.

[sèk kòm lé kuj a topê] (loc. nom. AMEN.)

Dans une contrée où la cuisine est de l’ordre des arts, la langue se devait d’établir des conventions visant à rendre la perception organoleptique compréhensible par tous. À condition de maîtriser la syntaxe surannée, bien entendu.

En avoir gros sur la patate [ân- avwar ɡro syr la patat]

Fig. A. Patatas.

[ân- avwar ɡro syr la patat] (loc. agric. PATATA.)

En ramenant la pomme de terre de ses pérégrinations péruviennes, Pizarro imaginait-il un seul instant que c’est l’une des plus surannées expressions du spleen qu’il charriait dans ses cales ? Il est probable que non.