[avwar la pwaNé dâ la valiz] (Gên. BONNET.)
Au cours de ses pérégrinations et tentatives d’innovation, la mode vestimentaire a parfois produit des élucubrations qui questionnent encore aujourd’hui le chercheur.
Ainsi le sous-vêtement, dont le rôle est a priori de protéger l’intimité en ses recto et verso, a-t-il connu des périodes étranges au cours desquelles il a plus mis son porteur dans l’inconfort qu’en confiance. Le langage d’alors n’aura pas manqué l’occasion de souligner cette situation, créant pour l’occasion avoir la poignée dans la valise, expression dont l’industrie du bagage se passerait volontiers puisqu’elle désigne le calebar tire-bouchonné et enfiché façon anse dans le sillon inter-fessier qu’il aurait dû cacher.
Le string négligé ou même le kangourou froissé créent aisément cette incongrue poignée dans la valise, car, comme chacun sait, c’est en dehors de la susdite valoche que la poignée va être utile. À l’intérieur elle est d’un superfétatoire que peu d’accessoires peuvent revendiquer (à l’exception notoire de la bande antistatique pour voiture, mais ceci est une autre histoire).
Le calebar tire-bouchonné et enfiché façon anse dans le sillon inter-fessier
Avoir la poignée dans la valise désignera donc la sujétion dans laquelle est placé le plombier au sourire perturbé par ce tissu enclavé, la coquette à la culotte mal ajustée, la fashionista en mal de reconnaissance ou tout acteur de la grande foire aux illusions avec ses slips trop courts ses shorts trop longs ses Hollandaises et leurs melons de Cavaillon¹.
Il est généralement admis qu’avoir la poignée dans la valise ne peut durer. Un adapté trémoussement de l’arrière-train pourra souvent avoir raison de l’insertion. En cas de résistance du retroussis c’est à la main de régler la question, mais le geste peu auguste devra se réaliser dans la plus grande discrétion. C’est là le plus épineux défi pour qui est concerné. Remettre la poignée hors valise est souvent impudique.
Notons que l’on peut être con comme une valise sans poignée et avoir la poignée dans la valise, la langue surannée n’étant pas à un paradoxe près quand il s’agit de tancer la bêtise ou la vesture négligée.
Avoir la poignée dans la valise se fera la malle sans crier gare, le slibard moderne ayant nettement moins tendance à s’insinuer là où il n’a rien à faire grâce, sans doute, à des tissus à la maille spécifique et décente.