Catégorie : Langues

Avoir l’humeur qui boîte [avwar lymër ki bwat]

Fig. A, B, C. Trois humeurs.

[avwar lymër ki bwat] (loc. verb. PAS GLOP.)

Les Français forment un peuple claudiquant. Précisément à l’humeur qui va de ci, de là, toujours prête à s’avérer mauvaise même si elle exerce avec parcimonie cette acrimonie héritée d’avoir été trop gâtée, et souvent guillerette et légère quand vient la saison des robes (légères elles aussi), bref à l’humeur qui boîte.

Avoir le bonjour d’Alfred [avwar le bôZur dalfrèd]

Fig. A. Bouchon de radiateur pour Citroën C4 donnant le bonjour d’Alfred.

[avwar le bôZur dalfrèd] (loc. verb. PING.)

Journal illustré quotidien – informations, littératures, sciences, arts, sports, théâtres, élégances – L’Excelsior proposa à ses lecteurs, dès 1910, d’accéder à l’information grâce à l’image en plus du commentaire : une véritable révolution qui allait en plus produire une expression.

Mézigue [méziɡ]

Fig. A. Allégorie : moi-je.

[méziɡ] (pron. MOI)

Si ce n’est on, dont on dit qu’il est un con sans qu’on ne l’ai jamais pu réellement prouver (mais ceci est une autre histoire), les pronoms personnels singuliers et pluriels font l’objet des premiers apprentissages de la langue, quand bébé bave encore et balbutie mais qu’il va bien devoir apprendre qu’il y a une grammaire en ce bas monde, et que tout nouveau qu’il soit, il n’en est pas exonéré.

Avaleur de pois gris [avalër de pwa ɡri]

Fig. A. Louis XIV et la duchesse de Fontanges avant le souper. Château de Versailles.

[avalër de pwa ɡri] (gr. n. CUIS.)

Lorsque deux des sept péchés capitaux s’allient pour former un vice encore plus vil, il nous faut appeler au secours la langue surannée pour lui donner un nom. Au secours ! Langue surannée !

Défleurir la picouse [déflërir la pikuz]

Fig. A. Qui défleurira la picouse sera fessé. Code des campagnes, art. 127-2.

[déflërir la pikuz] (loc. verb. BONNET.)

Petits coquins de citadins ! Le saviez-vous qu’en dérobant ces draps blancs qui séchaient dans les champs, en cet été si chaud dont vous passiez une partie à la campagne, le saviez-vous, donc, que vous veniez de défleurir la picouse ?

Faire de la perruque [fèr de la péryk]

Fig. A. Fiers Gaulois refusant qu’on touche à leurs cheveux.

[fèr de la péryk] (loc. chevel. CAPILL.)

Depuis nos ancêtres les Gaulois dont les tresses faisaient la force, la question capillaire obnubile chaque acteur de la comédie humaine quotidienne : punk travaillant sa crête au sucre, militaire bien dégagé derrière les oreilles, footballeur à mulet tressautant, skin belliqueux au crâne rasé, minet à la mèche dégradée, et moult autres formes de revendication ou d’appartenance à un groupe.

Aller en Angoulême [alé ân- âɡulèm]

Fig. A. Angoulême grande ouverte.

[alé ân- âɡulèm] (syn. AVAL.)

Il est de grands mystères dans la langue surannée… quoi qu’ils puissent souvent s’expliquer quand on cherche du côté calembour du langage (qui au final révèle bien des secrets enfouis).

Faire le repas de l’âne [fèr le repa de lan]

Fig. A. Âne apportant l’eau du repas.

[fèr le repa de lan] (loc. verb. HI HAN.)

L‘âne est un herbivore monogastrique. Ne lui en voulez pas, il est comme ça et il mastique longuement avant d’ingurgiter. L’âne a son temps, tout son temps qu’il passe très largement à brouter. L’âne boit aussi; de l’eau évidemment.

Voir le loup [vwar le lu]

voir le loup

Fig. A. Loup y es-tu ?

[vwar le lu] (loc. verb. HOUUU.)

Depuis Plaute et sa Comédie des ânes (-195 av. JC), l’on sait que homo homini lupus est

Pline l’Ancien, Rabelais, Agrippa d’Aubigné, Francis Bacon, Hobbes, Schopenhauer, Freud n’ont fait que reprendre cette pessimiste locution pour la mettre à leur sauce, confirmant cependant le caractère agressif de leurs contemporains humains. Et ce faisant, d’un loup qui n’avait rien demandé.