Se gratter la couenne avec un clou rouillé [sə ɡʁa.te la kwan a.vɛk œ̃ klu ʁu.je]

Se gratter la couenne avec un clou rouillé

Fig. A. Quand ça grattouille.

[sə ɡʁa.te la kwan a.vɛk œ̃ klu ʁu.je] (loc. bêt. BRICOL.)

Quand un comportement fleure bon la mauvaise idée, l’imprudence crasse et le manque flagrant de discernement, il a une expression qui l’attend dans les temps surannés. Il se dit en effet d’un grand malavisé qu’il se gratte la couenne avec un clou rouillé. Pas besoin d’être bricoleur pour comprendre.

Car enfin, qui donc choisirait d’apaiser une démangeaison avec un clou rouillé ? À moins d’être un peu simple d’esprit ou de confondre son corps avec une vieille charpente. Même le moins vacciné sait qu’il prendrait là un risque tétanique ardu, que ça le gratouille ou que ça le chatouille.

Se gratter la couenne avec un clou rouillé c’est céder à une pulsion sans réfléchir aux conséquences. En somme, prendre la mauvaise décision, celle qui va immanquablement aggraver la situation plutôt que la résoudre. C’est soigner un mal par un pire, et s’étonner ensuite que la douleur empire ou que la gangrène se pointe.

Cette brillante image de la maladresse volontaire tire toute sa force de son absurdité. Car dans le vaste répertoire des actes inconsidérés, se gratter la couenne avec un clou rouillé est sans doute un des plus frappants. Il est l’illustration parfaite de l’imbécillité appliquée, celle qui prend un chemin hasardeux avec la conviction qu’il mène quelque part, et qui finit par se piquer à sa propre sottise.

La tentation de la solution de facilité

Celui qui se gratte la couenne avec un clou rouillé pense résoudre un problème en agissant à l’aveuglette, sans précaution, sans se soucier du retour de bâton. Il veut réparer une fuite de gaz avec un briquet ou choisit de calmer un chien enragé avec une pichenette sur le museau.

Ce comportement n’est pas réservé aux simples d’esprit. Le plus fin cartésien peut aussi s’y risquer lorsque, pris de court par l’urgence ou l’envie d’en finir, il opte pour la première solution venue sans en mesurer les conséquences.

Si l’expression se fait rare, c’est sans doute parce que le moderne n’a que faire du résultat de ses décisions. Il trimballe une singulière facilité à s’en tamponner le coquillard comme il ne dit plus d’ailleurs (il s’en « balek »¹ désormais, mais ceci est une autre histoire).

Se gratter la couenne avec un clou rouillé, c’est un peu son quotidien. Jusqu’au jour où la réalité le pique pour de bon.

¹Forme condensée de « s’en battre les couilles », soit la forme contemporaine de s’en tamponner le coquillard avec une patte d’alligator femelle.

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