Péronnelle [pɛʁɔnɛl]

Fig. A. Péronnelle baguenaudant.

[pɛʁɔnɛl] (fem. CON.)

La péronnelle aime à pérorer. C’est un fait. Et plus la péronnelle pérore plus elle devient décor. La péronnelle picore, elle va de ci de là minauder quelques idées banales dont elle aimerait nous faire croire qu’elles ne sont pas si niaises. Mais las, la péronnelle nous lasse avec ses fadaises qui n’ont même pas l’ultime vertu de la mettre mal à l’aise.

Notons que la langue surannée a toujours le délicieux égard de traiter la gent féminine avec des mots révérencieux. Pour un homme, péronnelle se dit « importun ». Voire « con ».

 

Faire le zouave [fɛʁ lə zwav]

Faire le zouave

Fig. Z. Infanterie française et ses Zouaves.

[fɛʁ lə zwav] (bêti. ALMA.)

Il y avait de l’affection, j’en suis certain, quand mon père me tançait d’arrêter de faire le zouave.

Ce protagoniste là (je parle de moi) n’avait alors pas grand-chose de nuisible, il faut bien le reconnaître, sans son uniforme singulier à la culotte rouge si reconnaissable et son fusil à baïonnette. Et puis les dégâts que je pouvais commettre étaient tout de même bien loin de ceux d’un régiment de biffins du Second Empire.

Sustenter [systɑ̃te]

Fig. A. Gargantua se sustentant.

[systɑ̃te] (verb. prem. gr. TAB.)

S‘il est de ces mots nobles boutés hors du langage commun par quelque esprit grivois se prétendant moderne, sustenter en est le héraut.

Aller chez le merlan [ale ʃe lə mɛʁlɑ̃]

Aller chez le merlan

Fig. C. Chez le merlan.

[ale ʃe lə mɛʁlɑ̃] (exp. coiff. L’OREA.)
Ah que voilà une expression qui sent la gomina, le garçon maniéré et la raie sur le côté. Aller chez le merlan ne se pratique guère plus depuis que les concepts franchisés ont stéréotypé la création capillaire.

Thermopyles [_tɛʁmɔpil_]

Fig. A. Léonidas.

[_tɛʁmɔpil_] (Léonid. HIST.)
Il peut paraître un tantinet pédant, je le concède.

Mais l’élégant Thermopyles contient tant de cours d’histoire, de grec et de superbe que je ne peux m’empêcher de le trouver suranné.

Il avait resurgi dans ma vie sans crier gare, au coin d’une rue du XIVᵉ qu’il dénommait comme je vivais alors dans ses parages. Passé le temps de la surprise et, il faut bien l’admettre, celui concomitant d’une plongée dans l’Encyclopædia Universalis (les Internets n’existaient pas en ces temps reculés), Thermopyles avait réintégré mon bréviaire personnel, me permettant de temps à autre une sortie remarquée dans les dîners en ville (le tout étant de le placer au bon moment sinon ça se voit et on passe pour un snob mais ceci est une autre histoire).

Quel plaisir de le manier, d’estourbir le rival à coups de h et de y qu’il ne saura placer. Thermopyles est un suranné pour frimeur, j’en conviens, mais c’est un suranné quand même. Avec un Thermopyles bien balancé on récolte l’aura spartiate d’un Léonidas. Sauf si elle pense qu’il s’agit là de chocolats…

Allô ? [alo]

Fig. A. Allô ?

[alo] (interr. TEL.)

Comment ? Quoi ?! Mais que raconte-t-il ?

Oh je vous vois vous pâmer parce que j’ai bien voulu titrer allô et ainsi l’accepter dans le doux monde des mots délicieusement surannés. Je vous entends vous indigner, persifler, me traiter de fou, d’inconscient, de fossoyeur des grands classiques.