Catégorie : Faits divers

Gougnafier [ɡuɲafje]

Gougnafier

Fig. A. Sombre gougnafier. Archives perso.

Gougnafier [ɡuɲafje] (n. m. FAM. COM.)
SYN. Trouduc.
La surannéisation de gougnafier pose un réel problème d’éthique sémantique.

Interlope [ɛ̃tɛʁlɔp]

Interlope

Fig. A. Ça c’est Pariiiis !!!

[ɛ̃tɛʁlɔp] (subs. masc. SURR.)

Interlope est tout autant savant que suranné.

Goûtu en bouche, imposant en exposé, aux franges du pédant en mondanités (mais c’est bien là la moindre des choses en de telles circonstances), interlope se manie avec délice pour qui en maîtrise la subtilité.

La lettre d’amour [la lɛtʁ damuʁ]

Fig. A. Réception d’un SMS suranné. Orange museum.

[la lɛtʁ damuʁ] (gr. n. ROM.)

Si vous en avez reçue gardez-la précieusement ! Évidemment d’abord pour ce qu’elle contient, mais aussi pour ce qu’elle est : un rectangle de papier et la trace encrée d’un désir.

Des courbes, des paragraphes, des ratures même, la lettre d’amour est un trésor suranné. C’est qu’il en fallait du travail avant de l’adresser. D’abord choisir le papier; une simple feuille d’un blanc virginal ou la tête de lettre d’un grand hôtel, c’était déjà un message. Et puis la plume, la bille ou le crayon de bois ? La tradition, la modernité ou l’éphémère ? Pour enfin se lancer, se jeter à l’eau…

Fesse-Mathieu [fɛsmatjø]

Fig. 1. Anatomie d’un radin. Musée de l’Homme.

[fɛsmatjø] (n. m. FAM.)

Mais palsembleu, le suranné ne s’appliquerait-il donc qu’au vice et à sa réprimande ? C’est à se le demander (et cela en expliquerait la disparition puisque le vice a définitivement laissé sa place à la vertu dans notre monde présent…). Je vous expose ceci en humeur introductive car nous voici confrontés ce jour à fesse-Mathieu.

Pisse-vinaigre [pisvinɛɡʁ]

pisse-vinaigre

Fig. A. Pisse-vinaigre attablé et sa femme qui s’ennuie. Contemp.

[pisvinɛɡʁ] (n. m. ANC. FRA.)
Au temps du suranné qui ne l’était pas encore, je veux dire par là quand on usait quotidiennement du verbe aujourd’hui refoulé, en ce temps là donc, chaque expression portait une exaltante vocation : se rendre immédiatement compréhensible, notamment au gueux, à l’illettré, au vil manant. Pisse-vinaigre est de cette trempe.

Se faire appeler Arthur [sə fɛʁ aple aʁtyʁ]

Fig. A. Arthur se faisant appeler comme tel.

[sə fɛʁ aple aʁtyʁ] (loc. ver. FAM.)
Peu importe que l’expression nous vienne de l’époque du couvre-feu sévèrement surveillé par les patrouilles d’une armée ennemie marchant au pas dans nos rues pavées ou encore qu’elle se réfère à un énième surnom de margoulin du coin.

Faquin [fa.kɛ̃]

faquin

Fig. A. Divers faquins.

[fa.kɛ̃] (n. m. INS.)

Je constate que l’insulte se porte bien en pays suranné et qu’elle a forte tendance à se produire souvent en cette docte et modeste encyclopédie numérique. Soit.

Soutenir mordicus [sutniʁ mɔʁdiky]

Soutenir mordicus

Fig. A. Soutenir mordicus.

[sutniʁ mɔʁdiky] (exp. LAT.)
Je vous préviens, ça va faire mal.

Non que je prenne plaisir quelconque à contempler une douleur (je ne suis que guimauve, l’empathie me brisera) mais la vérité sur ce suranné là fait mal.

Belle lurette [bɛl lyʁɛt]

Fig. A. Belle lurette et son horloge.

[bɛl lyʁɛt] (loc. adv. INV.)

Il y a belle lurette que l’on n’entend plus cette locution surannée de belle lurette. Peut-être parce que le temps passe vite, peut-être parce qu’elle rime un peu trop avec La Rirette¹, peut-être parce wesh gros comment qu’tu causes…

Fi [fi]

mots-surannes-fi

Fig. 3. Mépris de boudoir. XVIIᵉ s. Collec. privée.

[fi] (inv. FAM.)

Que quiconque vous l’opposât et il vous clouait au pilori en une syllabe et deux si simples lettres. C’est qu’il est cinglant ce fi si suranné. D’une morgue, d’une répugnance, d’un dégoût si prononcé qu’il se pince du bout de lèvres, les commissures en berne, pour vous faire mordre la poussière. Fi siffle comme le fouet, se faufile dans l’air et vous marque d’une estafilade qui ne cicatrisera pas. Il a dû en blesser des orgueils en ces temps surannés où l’affront se réglait au pré clair, le choix des armes à l’offensé.

Fi n’est pourtant guère viril. C’est un dédain mondain, un mépris de boudoir. Fi se proclame en perruque empoudrée, d’une moue maniérée, d’un petit air pincé. Fi est même fort civil, il peut être lancé en toute compagnie, sous les ors du pouvoir ou au tréfonds des bas-fonds de ses basses besognes. En toutes circonstances, fi est bien adapté. En quelque sorte fi est du meilleur goût et sait lui-même faire fi de vos pudeurs polies pour vous laisser à poil devant un auditoire, plus humilié en somme que si c’était un poing que vous aviez pris en pleine poire.

Fi fait mal.