Catégorie : Faits divers

Ne pas être le timbre le plus collant du carnet [nø pa ɛtʁ lø nø pa ɛtʁ tɛ̃bʁ ply kolɑ̃ dy kaʁnɛ]

Ne pas être le timbre le plus collant du carnet

Fig. A. Timbré peu collant.

[ʒwe le miʒoʁe] (LOC. P&T. CON.)

Quiconque a un jour confié une missive d’amour ou de contestation des taxes et impôts aux P&T sait que tous les timbres n’adhèrent pas à l’enveloppe avec la même facilité; que certains se décollent malgré un coup de langue expert¹ quand d’autres devront recevoir une bonne dose de vapeur avant de se détacher et rejoindre leurs compères de collection.

Jouer les mijaurées [ʒwe le miʒoʁe]

L’art de minauder, de faire des manières, de reculer pour mieux céder, avec l’éventail du XVIIIᵉ à la main…

Jouer les mijaurées, expression française surannée

Fig. A. Non.

[ʒwe le miʒoʁe] (LOC. REF. NON !)

Jouer les mijaurées évoquera facilement au lecteur sur pot-de-chambre des années surannés une scène de roman-photo imprimé dans Nous Deux :

Être fleur bleue [ɛtʁ‿flœʁ blø]

Locution sentimentale et nominale, apparue au XIXᵉ siècle, aujourd’hui classée dans le rayon des délicatesses sentimentales et des mièvreries assumées

fleur bleue

Fig. A. Fleur bleue.

[ɛtʁ‿flœʁ blø] (loc. adj. et subst., XIXᵉ siècle, MIEV.)

Lorsqu’une expression plonge ses racines dans la littérature allemande du début du XIXᵉ siècle, cela la classe immédiatement dans la catégorie des choses vaguement sérieuses en sus d’être surannées.

Mettre la puce à l’oreille [mɛtʁ la pys a l’oʁɛj]

Fig. A. Je dis ça je dis rien.

[mɛtʁ la pys a l’oʁɛj] (HYG. DOUT.)

En une époque ancienne où les puces n’avaient alors pour seule tache que de gratter la couenne et de diffuser la peste, elles se contentaient de sauter d’un mollet à un col de chemise avec la discrétion que leur conférait déjà leur petite taille.

Prendre le ton du chef du parti pour choisir le vin [pʁɑ̃dʁə lə tɔ̃ dy ʃɛf dy paʁ.ti puʁ ʃwa.ziʁ lə vɛ̃]

Le poids des mots, le choc du Bordeaux, ou l'emphase militante appliquée à des décisions dérisoires

Un repas bien arrosé

Fig. A. « Je pense que notre choix en dira long sur notre cohérence en matière de politique des terroirs. Il nous faut rester fidèles à la ligne tracée par nos aînés et faire savoir aux tenants du rosé ce qu’il en coûte de bafouer le labeur de nos agriculteurs. »

[pʁɑ̃dʁə lə tɔ̃ dy ʃɛf dy paʁ.ti puʁ ʃwa.ziʁ lə vɛ̃] (BLABLA. PINAR.)

Les comités Théodule ont tant voix au chapitre dans les temps surannés qu’ils font des émules de la phrase ampoulée jusque dans le moindre recoin du quotidien.

Boire du petit lait [bwaʁ dy p(ə)ti lɛ]

Locution imagée et nourricière

petit lait

Fig. A. C’est l’heure du petit lait.

[bwaʁ dy p(ə)ti lɛ] (LACT. SATISF.)

Satiété du corps et de l’amour-propre trouvent toujours en langue française une expression où elles convergent. Un peu comme si se taper la cloche et se regarder le nombril étaient les préoccupations majeures de ceux qui usent de cette parlure. Il faudra un jour étudier la question… Éludons-la pour le moment.

Avoir la tête dans le seau [avwaʁ la tɛt dɑ̃ lə so]

Locution très prisée des lendemains d’ivresse et des matins sans filtre

Avoir la tête dans le seau

Fig. A. De retour de bamboche, la tête dans le seau.

[avwaʁ la tɛt dɑ̃ lə so] (BAMBOCH. BEARK.)

Il est des matins triomphants, où celui qui se lève tôt s’étire sous une lumière dorée, prêt à conquérir le monde en sifflotant.

Se faire porter pâle [sə fɛʁ pɔʁ.te pal]

Locution verbale militaire – devenu bureaucratique – tendant vers l’universel de la maladie simulée

se faire porter pâle

Fig. A. Commission médicale sceptique examinant un glandeur.

[sə fɛʁ pɔʁ.te pal] (MILI. MALAD.)

Expression issue du jargon militaire, se faire porter pâle signifiait, au XIXe siècle, se faire inscrire sur la liste des malades sans être vraiment malade — histoire de sécher l’appel, l’exercice ou la corvée de patates.

À fond les ballons [ a fɔ̃ le balɔ̃]

Expression de propulsion désuète, utilisée jadis pour signaler l’atteinte de vitesses folles, d’intensités rares ou de décisions irréfléchies mais joyeusement assumées

Fig. A. 100 km/h sur une nationale.

[ a fɔ̃ le balɔ̃] (VIT. VIE.)

Il fut un temps où vitesse maximale et enthousiasme débordant étaient loués, la retenue n’étant pas alors une caractéristique enviable si ce n’est pour celui qui envisageait une carrière dans les ordres.