S’affoler la nouille [safòlé la nuj]

Fig. A. Militaires s’entraînant à s’affoler la nouille.

[safòlé la nuj] (loc. milit. EMPRESS.)

L’empressement bien nécessaire au combat (sous peine de se faire occire par l’ennemi toujours en quête d’un mauvais coup) est devenu au fil des grande conquêtes de la non moins Grande Muette une valeur cardinale du comportement militaire au point de se voir affublé d’une expression traduisant son caractère impérieux.

Comme souvent lorsqu’il s’agit des choses de l’uniforme et de la martiale discipline, c’est au niveau de la ceinture que s’est nouée la locution, le bidasse semblant mieux comprendre les ordres quand une référence à Popaul se glisse dans la syntaxe.

Ainsi s’affoler la nouille est-elle l’expression d’origine militaire transmettant l’idée d’agir sur le champ, la spécialité alimentaire chinoise s’avérant par ailleurs un synonyme prisé du vermicelle de contrebande sous treillis. 

Une fois démilitarisé le biffin regagnera ses pénates avec s’affoler la nouille dans son bagage, contribuant à sa très large diffusion dans le langage civil qui se fera lui aussi plus pressant au fur et à mesure que le temps deviendra de l’argent (mais ceci est une autre histoire)

Affole-toi la nouille Marcel !

On peut sans risque affirmer qu’après le second conflit mondial s’affoler la nouille est de toutes les directives diligentes : « affole-toi la nouille Marcel ! » entend-on pour presser l’arpette trop lent, « …eh bien c’est qu’il va falloir s’affoler la nouille » soliloque le voyageur représentant placier à la tournée ralentie par celles remises au Balto par exemple.

L’idée d’une célérité déclenchée par un mouvement pénien donnera même naissance à la prouesse virile dite de l’hélicobite, celle-ci rappelant le mouvement du double rotor contrarotatif du Breguet Dorand Gyroplane, premier aéronef à voilure tournante conçu par Louis Charles Breguet et René Dorand. 

Cette pratique qui demeurera bien heureusement cantonnée aux cantonnements ne ternira par s’affoler la nouille qui, pour sa part, fleurira les conversations des pressés jusqu’à la regrettable apparition en 1980 de Bolino, malheureux nom donné à un bol de nouilles à réchauffer qui aurait dû demeurer pour l’éternité celui d’un village polonais de la gmina de Wyszogród dans la powiat de Płock de la voïvodie de Mazovie (centre-est de la Pologne).

La possibilité de s’affoler la nouille et de la déguster bien chaude cinq minutes plus tard devenant un argument commercial de la Société des Produits Alimentaires et Diététiques pour nous fourguer son invention, il n’était pas question que l’expression demeure sur le marché.

Dès la fin des années surannées Maggi fait donc disparaître s’affoler la nouille en tant qu’allégorie de hâte, par peur qu’une confusion s’installe avec cette même célérité que son produit porte au pinacle.

Il ne saurait y avoir quelque faute de goût quand il s’agit d’argent, comme aime à le répéter le moderne.

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