S’il est facile, voire un peu cruel, de se gausser des élucubrations capillaires du premier footballeur moderne venu, nous ne pouvons passer sous silence les diverses expériences des années surannées en matière de coiffure.

 

En ces temps où les coiffeurs ne s’étaient pas encore lancés dans un incompréhensible concours de dénomination de leur commerce, ils exerçaient donc leur créativité sur nos têtes chevelues, fournissant sans le savoir une matière précieuse à un classement officiel des coiffures d’alors qui viendrait bien des années plus tard. Le voici donc.


#1 Le mulet

Nuque longue et le reste bien dégagé. À part un coiffeur pressé d’en finir avec un client pénible, on se demande encore qui a pu avoir cette idée. Un naturaliste peut-être. Numéro 1 évidemment.

Fig. A. Le probable précurseur de la coupe mulet.


#2 La coupe au bol

Elle avait l’avantage de pouvoir être réalisée maison et donc d’engendrer quelques économies. Il est vrai que payer pour avoir une coupe au bol aurait été un comportement bien étrange.

Fig. B. Enfant au bol des années surannées.


#3 La California girl

Rhâââââ… Les ondulations blondies au soleil de Malibu ou sous les doigts abîmés par les produits chimiques de Valérie, la shampouineuse, ont ébloui plus d’un regard dissimulé derrière des Ray-Ban Aviator. Une troisième place amplement méritée.

Fig. C. Rhâââââ…


#4 La Bee Gees

Barry, Robin et Maurice Gibb apôtres reconnus du falsetto et du disco du samedi soir furent aussi les grands ordonnateurs du tombé capillaire masculin sur épaules. Attention : le brushing était toujours impeccable et la mèche soyeuse. Les imiter impliquait un investissement conséquent en temps et en main d’œuvre.

Fig. D. Une Bee Gees d’avant la fièvre du samedi soir.


#5 La hard rock

Fruit d’un désintérêt revendiqué pour le shampoing et les ciseaux, la hard rock caractérisait la tignasse du rebelle qui n’en avait rien à foutre du bac et voulait faire du rock. Elle prenait tout son sens lors de l’agitation verticale rapide du chef sur des riffs bien gras d’Angus Young ou de Jimmy Page.

Fig. E. Hell’s bells.


#6 La Mireille Mathieu

Variante longue et plus sophistiquée de la coupe au bol, la Mireille Mathieu doit son nom à une chanteuse de variétés, populaire en ces temps surannés. La Mireille Mathieu ne se réalisait que sur cheveux féminins.


#7 La Desireless

Arrivée dans le paysage capillicole par la grâce d’un classement discographique fructueux, la Desireless n’était pas destinée à faire carrière. Elle connut pourtant un franc succès, notamment auprès des garçons coiffeurs et des vendeurs de prêt-à-porter.


#8 La keupon

Hommage théorique aux indiens d’Amérique rebelles à l’ordre des Européens, la crête hérissée du punk symbolise son rejet de la société et le peu de crédit qu’il accorde au futur. Pourtant, la keupon est faussement négligée : son élaboration érectile, ses teintes subtiles allant du jaune au rouge, exigent un travail important.

Fig. F. Indien d’Amérique à crête rouge.


#9 La premier essai

Souvent appliquée sur un puîné ou un camarade de classe un peu naïf (plus rarement réalisée sur soi-même), la premier essai se résume en un morceau de frange coupée de travers ou une couette diminuée de quelques centimètres. Elle est toujours ratée et peut entraîner une punition.


#10 La service militaire

Bien dégagée derrière les oreilles et sur le reste du crâne, la service militaire est réalisée à la tondeuse par un non professionnel de l’art. Elle s’applique avec une jouissance non dissimulée par l’autorité militaire sur les hard rock et les Bee Gees. Tout comme la premier essai, elle est toujours ratée.

Fig. G. Jeune appelé pleurant ses cheveux longs.

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