Monter à cheval comme une paire de tenailles sur le cul d’un chien [mɔ̃te a ʃəval kɔm yn pɛʁ də tənaj syʁ lə ky dœ̃ ʃjɛ̃]

Fig. A. À dada sur son bidet.

[mɔ̃te a ʃəval kɔm yn pɛʁ də tənaj syʁ lə ky dœ̃ ʃjɛ̃] (loc. caval. ÉTIQ.)

Depuis que Buffon a déclaré que le cheval était la plus noble conquête de l’homme, ce dernier n’a eu de cesse de perfectionner son art de la monter (comme il se doit pour toute conquête, mais ceci est une autre histoire) afin d’asseoir cette subordination supposément nobiliaire.

Quiconque défaillirait dans cette entreprise domestiquante se verrait traité comme il se doit, c’est-à-dire comme un vulgaire empêché bien incapable de se tenir en selle comme le protocole le prévoit. On ne rigole pas avec l’attitude cavalière, à tel point que le langage a dû se fendre de monter à cheval comme une paire de tenailles sur le cul d’un chien pour désigner le jockey empoté ou le cosaque débutant.

S’il n’est pas certain que l’expérience consistant à placer des tenailles de menuisier ou de forgeron à califourchon sur un canidé ait pu réellement être menée¹, il est en revanche facile d’admettre qu’elles ne sauraient y tenir fièrement très longtemps, la bestiole ayant une tendance naturelle à osciller du croupion pour autoriser ses congénères à le lui renifler pendant qu’elle fait de même, cherchant dans le tréfonds les assurances olfactives de la sociabilité.

Monter à cheval comme une paire de tenailles sur le cul d’un chien est donc de toute évidence la caractéristique d’un piètre cavalier.

Très utilisée tant que l’équidé était le moyen de transport terrestre le plus commun, l’expression va régresser avec l’arrivée du cheval vapeur, ne trouvant plus d’autre terrain que ceux de Longchamp ou Vincennes pour dire son désespoir de contempler un ballot à dada sur son bidet quand il trotte il fait des pets.

Notons que monter à cheval comme une paire de tenailles sur le cul d’un chien verra lui succéder avoir eu son permis de conduire dans une pochette surprise comme locution à destination des mauvais conducteurs de véhicules (à motorisation thermique cette fois).

Ainsi mise au rancart par l’émergence de la Ford T² puis le succès de la Citroën Bx – dont on ne dira jamais assez tout le mal qu’elle fit à une certaine idée de l’automobile et à une autre de la langue surannée – monter à cheval comme une paire de tenailles sur le cul d’un chien va s’étioler faute d’usage possible.

À ce jour, le cheval reste néanmoins la plus belle conquête de l’homme et le chien son meilleur ami.

¹Ivan Petrovitch Pavlov s’y serait essayé selon certains, avant d’être mordu et de se venger en faisant baver des chiens.
²Henri Ford a admis être à l’origine de la disparition du cheval et donc de l’expression, en déclarant : « Si j’avais demandé aux gens ce qu’ils voulaient, ils m’auraient répondu des chevaux plus rapides ».

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