Avoir la tête près du bonnet [avwar la tèt prè dy bònè]

avoir la tête près du bonnet

Fig. A. Un bonnet qui gratte. Collec. privée.

[avwar la tèt prè dy bònè] (loc. lain. BONN.)

C‘est en laissant penser qu’elle enfonçait des portes ouvertes que la langue surannée s’est construite, cachant ainsi à ceux qui n’étaient pas destinés à la parler le sens de ses expressions.

Eh bien mon cochon [é bjê mô kòSô]

Eh bien mon cochon

Fig. A.  Fameux numéro de dressage.

[é bjê mô kòSô] (exclam. spont. GRUÏ.)
La domesticité du cochon étant avérée depuis au moins le neuvième millénaire avant J.C., il est bien logique que l’homme se soit mis à lui parler un jour ou l’autre, la proximité quotidienne permettant de cultiver un langage commun (et plus si affinités).

Donner le fion [dòné le fjô]

Fig. A. La Joconde : une belle histoire de fion.

[dòné le fjô] (loc. art. DÉT.)

Généralement complices, l’argot et la langue surannée peuvent en de rares occasions s’opposer et tirer chacun dans leur sens, au risque de s’abîmer l’un et l’autre et de laisser un boulevard à la novlangue start-upienne.

Avoir un métro de retard [avwar û métro de retar]

Avoir un métro de retard

Fig. A. Candélabre Dervaux.

[avwar û métro de retar] (loc. métrop. TRANSP.)

C‘est à un inspecteur général des Ponts et Chaussées que la langue surannée doit l’expression du reproche goguenard qui est fait à celui qui comprend lentement, qui est à côté de la plaque, dans ces temps où débarquent le fascinant progrès et ses merveilleux fous inventeurs.

Être fier comme un pou (sur son tas de fumier) [ètre fjèr kòm û pu syr sô ta de fymjé]

Fier comme un pour

Fig. A. Pediculus humanus capitis.

[ètre fjèr kòm û pu syr sô ta de fymjé] (loc. capit. PEDICUL.)

Déjà dans les temps surannés l’arrogant n’était pas en odeur de sainteté.

Monté sur ses ergots pour tenter de lâcher ses vents plus haut que son séant, le péteux comme il convient de le nommer a même fait l’objet d’une qualification complète qui s’est un peu contractée par la suite, sans doute pour faciliter son usage.

Et mon cul c’est du poulet ? [é mô ky sè dy pulè ?]

Fig. A. Poulet sidéré.

[é mô ky sè dy pulè ?] (quest. réth. COT.)

Entre doute poli et sidération absolue existe une zone trouble que le français classique avait du mal à irriguer de ses interjections trop imprécises.

Un « quoi ?! », même suivi de points d’interrogation et d’exclamation, tâtonne. Un « mais c’est pas possib' » se contente de déplorer et un « tu m’en diras tant… » joue de son clair-obscur pour précisément ne pas en dire tant que ça.