La lettre d’amour [la lɛtʁ damuʁ]

Fig. A. Réception d’un SMS suranné. Orange museum.

[la lɛtʁ damuʁ] (gr. n. ROM.)

Si vous en avez reçue gardez-la précieusement ! Évidemment d’abord pour ce qu’elle contient, mais aussi pour ce qu’elle est : un rectangle de papier et la trace encrée d’un désir.

Des courbes, des paragraphes, des ratures même, la lettre d’amour est un trésor suranné. C’est qu’il en fallait du travail avant de l’adresser. D’abord choisir le papier; une simple feuille d’un blanc virginal ou la tête de lettre d’un grand hôtel, c’était déjà un message. Et puis la plume, la bille ou le crayon de bois ? La tradition, la modernité ou l’éphémère ? Pour enfin se lancer, se jeter à l’eau…

Foucade [fukad]

Foucade

Fig. A. Foucade.

[fukad] (n. f. FAM.)
Le suranné est jouisseur là où le moderne est terne. Je m’explique : autant la foucade est emportement (de préférence amoureux) et fougue pour l’avant, autant elle est caprice et déraison pour l’aujourd’hui.

Fesse-Mathieu [fɛsmatjø]

Fig. 1. Anatomie d’un radin. Musée de l’Homme.

[fɛsmatjø] (n. m. FAM.)

Mais palsembleu, le suranné ne s’appliquerait-il donc qu’au vice et à sa réprimande ? C’est à se le demander (et cela en expliquerait la disparition puisque le vice a définitivement laissé sa place à la vertu dans notre monde présent…). Je vous expose ceci en humeur introductive car nous voici confrontés ce jour à fesse-Mathieu.

Pisse-vinaigre [pisvinɛɡʁ]

pisse-vinaigre

Fig. A. Pisse-vinaigre attablé et sa femme qui s’ennuie. Contemp.

[pisvinɛɡʁ] (n. m. ANC. FRA.)
Au temps du suranné qui ne l’était pas encore, je veux dire par là quand on usait quotidiennement du verbe aujourd’hui refoulé, en ce temps là donc, chaque expression portait une exaltante vocation : se rendre immédiatement compréhensible, notamment au gueux, à l’illettré, au vil manant. Pisse-vinaigre est de cette trempe.

Galurin [ɡalyʁɛ̃]

Fig. A. Galurin de scribouillard.

[ɡalyʁɛ̃] (n. m. POP.)

Tout en ce galurin est suranné. Son nom d’abord, son port ensuite.

Attaquons-nous au nom : le dernier à l’avoir prononcé (qui plus est sous sa forme abrégée de galu) est ce brave Alexandre-Benoît Bérurier¹, le recherchant après quelque bagarre ou partie de jambes-en-l’air, c’est en tout cas vous dire si ça date. Depuis, nul être aux esgourdes ouvertes n’a décemment pu entendre prononcer ce terme. Attention, ne vous laissez pas abuser par la proximité sonore facile d’un gai-luron, d’un gros surin ou d’un gras lapin (ok, ok, là je suis limite²). Non vraiment, galurin n’est plus en verve depuis fort loin.

Se faire appeler Arthur [sə fɛʁ aple aʁtyʁ]

Fig. A. Arthur se faisant appeler comme tel.

[sə fɛʁ aple aʁtyʁ] (loc. ver. FAM.)
Peu importe que l’expression nous vienne de l’époque du couvre-feu sévèrement surveillé par les patrouilles d’une armée ennemie marchant au pas dans nos rues pavées ou encore qu’elle se réfère à un énième surnom de margoulin du coin.