Catégorie : Pensées

Chez Borniol [Sé bòrnjòl]

Fig. A. « Entre ici Jean Moulin avec ton terrible cortège ». Une organisation maison Borniol.

[Sé bòrnjòl] (n. pr. OBSEQ.)

On peut considérer comme une gloire patronymique la mutation d’un nom de famille en expression. Du on n’est pas chez Bocuse marquant la différence de qualité de mets proposés d’avec celle de ceux du triple étoilé, à être comme l’âne de Buridan en passant par faire un inventaire à la Prévert, c’est un peu l’âme du sus-nommé qui resurgit à chaque fois, y compris quand il est encore bien vivant comme c’est le cas du maître de la cuisine française, et on aime user de leur prestige dans la conversation.

À gogo [a ɡòɡo]

Fig. A. Une blonde au Whisky à gogo, vers 3h38. Archives perso.

[a ɡòɡo] (rép. onomat. PROFUS.)

Deep down Louisiana close to New Orleans,
Way back up in the woods among the evergreens🎶
There stood a log cabin made of earth and wood,
🎶Where lived a country boy named of Johnny B. Goode
Who never ever learned to read or write so well,
But he could play the guitar like ringing a bell🎶

Bouffer à tous les râteliers [bufé a tu lé rateljé]

Bouffer à tous les râteliers

Fig. A. De l’art de tenir les couverts. Musée Nadine de Rothschild.

[bufé a tu lé rateljé] (loc. verb. ART DE VIV.)

Quiconque par ici se comporterait de mauvaise manière avec l’art d’être convive serait voué aux gémonies et supplicié en place publique. C’est ainsi depuis les temps les plus surannés. On ne badine pas avec le protocole dans la salle à manger française et le sens d’un couvert ou son ordre d’apparition dans le grand théâtre du dîner sont autant d’oracles parfois obscurs à respecter.

Coincer la bulle [kwêsé la byl]

Coincer la bulle

Fig. A. Cuirassiers coinçant la bulle. Musée des Invalides.

[kwêsé la byl] (loc. verb. ARMÉ.)

Le suranné aime le paradoxe, la contradiction logique et l’absurdité. Nous pourrions passer des heures et des lignes à l’expliquer, mais à quoi bon ?

Procédons plutôt par l’exemple avec une expression qui aurait pu (dû ?) souligner de ses mots le fabuleux Droit à la paresse de Paul Lafargue, paru en 1880, et dont nous ne saurions que trop vous suggérer le (re)lecture (mais ceci est une autre histoire).

Manger les pissenlits par la racine [mâZé lé pisâli par la rasin]

Manger les pissenlits par la racine

Fig. A. La camarde mangeant des fleurs par la racine. Allégorie.

[mâZé lé pisâli par la rasin] (exp. triv. MOR.)

Se gaussant de tout et de tous, les mots surannés ne semblent craindre nul châtiment, pas même celui de la camarde. À ainsi faire les malins on peut se demander ce qui les meut, ces mots que la mort n’émeut pas.

Âmes sensibles s’abstenir, le travail exploratoire qui suit va précisément se rapporter à descendre vers les trois règnes de l’au-delà, Enfer, Purgatoire et Paradis.

Gugusse [ɡyɡys]

Gugusse

Fig. A. Gugusse et son contre-pitre. Cirque Zavatta.

Jean avec son Gros-Jean comme devant, Arthur et son se faire appeler Arthur peuvent en témoigner : le langage suranné est parfois taquin avec les prénoms.

C’est Auguste qui va manger bon en ces lignes, avec son diminutif populaire et l’usage qui en est fait. Que les augustes Auguste nous le pardonnent.

C’est (ce n’est pas) le Pérou [sè le péru]

Fig. A. Panneau d’orientation Inca indiquant le direction d’El Dorado. Collec. privée.

[sè le péru] (loc. verb. QUECHU.)

El Dorado. Mythique contrée d’Amérique du sud regorgeant d’or, bâtie sur les divagations fiévreuses d’un Francisco de Orellana parti à la conquête de l’empire Inca avec la famille Pizzaro et quelques autres humanistes, et qui n’aboutira pas à grand chose d’autre qu’au massacre des populations indigènes et à la création d’une expression continuant à colporter la légende dorée.