Catégorie : Langues

S’en beurrer la raie [sâ bëré la rè]

S'en beurrer la raie

Fig. A. Nécessaire de cuisine pour se beurrer la raie. Musée des produits laitiers.

[sâ bëré la rè] (loc. verb. CUIS.)

Fier ou bravache c’est selon, le contrevenant suranné sollicite très largement le dessous de la ceinture lorsqu’il s’agit de marquer une certaine désinvolture face à un châtiment annoncé par une autorité quelconque.

Santoche [sâtòS]

Fig. A. La Santoche.

[sâtòS] (n. pr. PRIS.)

On est mieux ici qu’en face. Délicatement peints sur l’enseigne du café qui proclame ainsi sa victoire géographique sur le bâtiment qui le toise, ces mots furent pendant des dizaines d’années surannées les premiers d’une liberté retrouvée que lisaient les bougres ayant payé leur dette à la société¹.

On est mieux ici qu’en face : le message à le mérite d’être limpide et nul n’a jamais trouvé à y redire.

Derrière le poêle [dèrjèr le pwal]

Derrière le poêle

Fig. A. À poêle.

[dèrjèr le pwal] (gr. n. TYPO.)

Une pudeur extrême anime la langue surannée qui ne se plaît guère à frustrer ceux auxquels elle s’adresse. Elle ne sait pas dire non, elle est comme ça, cherchant toujours à faire plaisir.

Étouffer un perroquet [étufé ê péròkè]

Fig. A. Cocoooooo, cooooco.

[étufé ê péròkè] (loc. verb. SPA.)

Rassurons les amis des animaux : aucun cacatoés rosabin, aucun ara, aucun jaco, ni même aucun bavard impénitent n’a été blessé pour la mise au point de cette définition. Le langage suranné quand il fait dans l’image violente, ne joint jamais le geste à la parole.

Avoir les bonbons qui collent au papier [avwar lé bôbô ki kòl o papjé]

Fig. A. Napoléon Bonaparte et son fameux geste des bonbons qui collent au papier. Musée d’Ajaccio.

[avwar lé bôbô ki kòl o papjé] (loc. verb. HARIB.)

Si les premiers bonbons datent du XIIᵉ siècle et du retour des Croisés avec la canne à sucre à défaut de Graal, il faudra attendre le XIXᵉ siècle et la mise au point de l’extraction industrielle du sucre de betterave en 1811 par Benjamin Delessert et Jean-Baptiste Quéruel pour lancer véritablement l’histoire de la friandise sucrée.

Écorcher le renard [ékòrSé le renar]

Écorcher le renard

Fig. A. Un renard parmi cent mille renards.

[ékòrSé le renar] (loc. verb. BEUÂÂÂ.)

La langue surannée est parfois sombre et cruelle. Somme toute bien consciente de son côté obscur, c’est aussi pour cela qu’elle se terre au fond des livres anciens et se tient à distance du phrasé des modernes. Cette définition est donc à la fois sale et méchante, vous voici prévenus.

Rhabiller le gamin [rabijé le ɡamê]

Fig. A. Un gamin à rhabiller. Archives du Balto.

[rabijé le ɡamê] (loc. verb. BALTO.)
Le suranné aime les bistrots, les troquets, les bouges, les estaminets. Il s’y sent comme un poisson dans l’eau bien que l’eau ne soit pas la boisson la plus consommée au comptoir, mais ceci est une toute autre histoire (cela dit, sachez apprécier et consommer avec modération).

Ne pas faire rire les mouettes [ne pa fèr rir lé mwèt]

Ne pas faire rire les mouettes

Fig. A. Mouette à l’œil rieur.

[ne pa fèr rir lé mwèt] (loc. verb. MDR.)
Plutôt sociable et sympathique, la chroicocephalus ridibundus passe le plus clair de son temps à becqueter et à se fendre la poire. Elle est ainsi la mouette rieuse, toujours prête à faire le gugusse histoire de se gondoler avec ses congénères. Et quand elle se bidonne pour un guano bien balancé sur un promeneur en ciré jaune, ça en fait du barouf.

Se beurrer la biscotte [se bëré la biskòt]

Fig. A. Homme aimant se beurrer la biscotte.

[se bëré la biskòt] (loc. verb. PET. DÉJ.)

La langue surannée ne fait jamais dans l’à-peu-près. Elle est précise, chirurgicale, et la moindre de ses nuances fait bifurquer un sens. Ciselée comme une œuvre, elle fait d’une différence subtile un monde à explorer et c’est dans celui doux ou salé du beurre que nous allons nous plonger.