Ah, les brasiers de la passion, les incendies de l’âme, les flammes de l’ardeur amoureuse !

Fig. A. Libido incandescente. Allég.
[avwaʁ lø fø o ky] (loc. con. BOUM !)
Dans l’anthologie de la métaphore sensuelle, l’expression avoir le feu au cul fait figure d’incendie estival sous mistral. Ça sent la garrigue brûlée par un barbecue interdit, la forêt landaise ravagée pour cause de mégot balancé par la fenêtre de la 404¹.
Pas question ici d’un banal coup de chaleur ou d’une flambée passagère ; non, il s’agit d’un foyer persistant, d’une combustion interne qui ne trouve son apaisement que dans l’étreinte charnelle.
Les plus candides penseront à une simple démangeaison, un inconfort passager causé par quelque fâcheux érythème fessier. Que nenni ! Qui a le feu au cul est un être habité par le désir, en proie à une libido galopante, prompt à céder aux appels du corps dès qu’un souffle suggestif passe dans l’air. D’aucuns qui vouent aux flammes de l’enfer l’élan de ce libidineux disent que Satan l’habite.
Cet incendie n’est pas une amourette qui rougit les joues, mais un de ces brasiers qui consument jusqu’aux bonnes résolutions. C’est un élan irrépressible, une rage de caresses, une soif que rien ne vient étancher. Là où l’amant délicat allume des bougies pour tamiser l’atmosphère, celui qui a le feu au cul fonce tout droit vers l’objet de ses fantasmes, prêt à griller les étapes comme la braise embrase la paille.
Certains disent que Satan l’habite
On l’ignore parfois, mais l’expression prend racine dans la tradition militaire des canons et mortiers. Lorsqu’on tirait au canon, on mettait le feu à la poudre via la mèche introduite dans le fût, et l’explosion projetait le boulet avec la même vigueur que celle du chaud lapin en quête d’étreinte (le fût du canon mettait un certain temps à refroidir, mais ceci est une autre histoire²). L’image s’est ensuite glissée dans la jactance populaire, associant l’urgence érotique au feu vif et à la déflagration. Ainsi avoir le feu au cul c’est brûler les étapes, faire passer l’action avant la réflexion, céder aux pulsions sans toujours mesurer les conséquences. Une manière somme toute pyromane de voir les choses de la nature, mais qui a son charme incendiaire.
Mais la modernité a ses pompiers.
De l’ardeur à l’imprudence
Le 14 mai 2011, elle les envoie s’occuper d’un possible futur président de la République française animé par un feu sacré criminel. Rattrapé par la patrouille, l’acronymisé DSK est accusé d’avoir abusé d’une femme de chambre au sortir de sa douche. « This is so french » n’étant pas une défense recevable, il plaidera non coupable, recouvrant d’une couche de cendre ses ambitions politiques et avoir le feu au cul.
Une transaction financière mettra fin à ses problème judiciaires et éteindra l’expression bien française.