Néologisme inventé par Serge Gainsbourg pour la chanson L’anamour (1969), le mot anamour désigne l’absence d’amour, la fin d’une histoire d’amour, un désamour mélancolique. On parle d’anamour lorsqu’un amour s’est défait, s’est éteint doucement, laissant surtout la nostalgie et le manque.

Fig. A. Je cherche en vain le mot exit.
[anamuʁ] (néolo. GAINSB.)
Anamour, l’un des plus beaux néologismes de la chanson française, tomba rapidement en surannéité et c’est tant mieux (ça lui permit ainsi de se conserver en l’état).
Origine de « anamour » chez Gainsbourg
Né en 1969, l’anamour nous vient des limbes géniales et embrumées par la cibiche de Gainsbourg, déjà coupable de quelques autres merveilles, amoureux des mots qu’il adorait prendre dans tous les sens et que les dessous pleins de sous-entendus excitaient au plus haut point (les dessous des mots, espèce de coquins).
Anamour rime avec jamais
Une fois de plus c’est la subtilité d’un léger « -a » que l’on dit privatif¹ qui nous délivre avec une force sans pareil ce très joli morceau d’anti-matière; ô langue française, tu m’étonneras toujours !
L’anamour devient un sentiment dont la puissance esquinte mais qu’il faudra porter. L’anamour rime avec jamais, plus qu’il ne s’accorde avec toujours, c’est un tueur de rimes, un piège pour le poète. Il garde aussi la même subtilité du jeu de genres que son complice plus connu en se faisant masculin singulier et féminin pluriel. Un délice (tiens un autre qui se joue aussi du genre). Avec anamour, Serge Gainsbourg invente un néologisme poétique pour dire la fin d’une histoire d’amour, quelque part entre l’amour défait, le désamour et l’absence d’amour.
Si j’osais je tenterais même une petite définition de l’anamour mais je ne souhaite pas empiéter sur les compétences officielles de mes compères immortels ou de leurs homologues de chez Robert (le dico, pas le bistro). J’en appelle tout de même à leur sens des responsabilités et les enjoins ici d’inclure cet anamour dans leur prochain bréviaire au lieu de céder au générationisme Z en nous collant du LOL ou du largement dépassé MDR.
Merci.
¹Je passe sous silence ce « n » qui n’est là que pour éviter l’apocope.
Aucun Boeing sur mon transit
Aucun bateau sous mon transat
Je cherche en vain la porte exacte
Je cherche en vain le mot exitJe chante pour les transistors
Ce récit de l’étrange histoire
De tes anamours transitoires
De Belle au Bois Dormant qui dort

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