Daktari [daktaʁi]

Fig. A. Clarence, le lion qui louche.

[daktaʁi] (n.pr. AFRIQ.)

Daktariiiiii !

Je me souviens, le générique hurlait son nom d’une voix stridente. Daktariiii ! J’ai découvert l’Afrique comme ça, à la télé.

Beaucoup, beaucoup plus tard, j’ai appris que la série était tournée en Californie, dans un ranch. Mais peu importe, Daktari m’a conditionné aux soleils écrasants, aux animaux de la brousse, aux braconniers, aux Jeep et aux singes capables de les conduire. Sans oublier Clarence le lion qui louche.

Daktari c’était l’image Out of Africa bien avant la lettre, l’esprit Brazza, les tee-shirts qui collent à la peau avant Brando et les nurses sexy à en faire des tatouages sur les bras des marins. Bref un usine à fantasmes.

Et vous montriez ça à des enfants de deux ans ?

Merci.

Paltoquet [paltɔkɛ]

Fig. A. Paltoquet commun.

[paltɔkɛ] (n.m. CON.)
Le paltoquet appelle au soufflet, à la gifle, à la mornifle, au bourre-pif. Son arrogance altière, sa prétention, sa grossièreté en toute attitude en font un être vil. Un dictionnaire des synonymes le traiterait volontiers de « petit con ». Je lui préfère le titre de paltoquet qui dissimule derrière une construction ampoulée (le « pal » peut-être ?) tout le ridicule de l’homme que j’imagine assez facilement engoncé dans une tenue qu’il ne sait même pas porter. Quand on n’a pas les épaules on ne la ramène pas, Môssieur du paltoquet.

Patachon [pataʃɔ̃]

Patachon

Fig. A. Patachon.

[pataʃɔ̃] (n. com. FIEST.)

Le patachon est avant tout un type qui mène sa vie dans le plus grand respect de ses aspirations du moment. Et ces aspirations consistent très largement en diverses libations, plaisirs charnels et refus global des interdits et de la bonne morale. Il est désormais suranné car il a disparu et avec lui sa tendre appellation.

Le patachon est mort avec la norme, le politiquement correct, la bienséance dégoulinante. Avec lui il emporte ses trois syllabes pataudes mais tellement attachantes.

Patachon tu nous manqueras mais on ne t’oublie pas.

Picon bière [pikɔ̃ bjɛʁ]

Fig. B. La légende Picon bière. Grand Ordre de la Binouze.

[pikɔ̃ bjɛʁ] (marq. dép. BAR)
Tatataaa. Le Picon Bière c’est suranné comme une chanson de Renaud.

Le Picon Bière ça fait le bruit d’une mob’, ça porte un Perfecto et ça se la joue pilier de comptoir. Un mélange à la papa qui n’a jamais fini ringard, une amertume qui fait faire la grimace et plisser les yeux mais un truc incontournable. Une boisson de zinc, avec déhanché, coude posé et pied sur le marchepied.

Le Picon Bière ça sent les bistrots de banlieue, les Père Tranquille ou les Penalty. On est dans la légende à ce niveau.

Grainetier [ɡʁɛntje]

Fig. 1. Détail : sac chez le grainetier.

[ɡʁɛntje] (n. com. COMMER.)
Pendant des années j’ai entendu ma grand-mère annoncer qu’elle allait « chez le grain’tier« . Une échoppe tout autant surannée que sa dénomination elle-même. Dans un capharnaüm improbable, elle y trouvait de quoi semer dans son jardin et ainsi nourrir sa famille. Ça sentait une odeur se situant entre la pisse de chat et la sciure, c’était mal éclairé et le patron avait une blouse grise. Et peut-être une petite moustache et une Gitane maïs au bec. C’était bien.

Opiner du chef [ɔpine dy ʃɛf]

Fig. A. Mais oui…

[ɔpine dy ʃɛf] (verb. 1er gr. OUI-OUI)

Pour toute surannée qu’elle soit, cette expression contient la dose maximale autorisée de sur-interprétation libidineuse qui la rend dangereuse à usiter. C’est ce qui a dû la flinguer. Je veux ici solennellement lui rendre hommage.