L’expression familière « ficher son billet » signifie affirmer quelque chose avec une totale assurance, comme si l’on donnait sa parole ou que l’on pariait sur un fait.

Fig. A. Homme fichant son billet à un autre. Eau forte.
[fiSé sô bijè] (loc. verb. AMOU. ARG.)
Dans le monde interlope on donne sa parole. Et il est préférable de la respecter… Dans le monde plus classique on paraphe des contrats. Qu’on honorera bien entendu.
La tchatche dans un cas, la rédaction dans l’autre; dans les deux cas une garantie, une assurance. Et dans les deux cas on dira qu’on fiche son billet, au truand, au notaire, au banquier ou à qui que ce soit avec qui on entre en affaires.
Depuis la fin du XVIIᵉ, le billet est ce petit écrit qui annonce, qui confirme, qui fait part, et qu’on confie discrètement quand il est doux ou d’amour. Plié en quatre, il circulera jusqu’à la blondinette à couettes du premier rang, et c’est la honte garantie s’il est intercepté par l’instituteur qui en fera la lecture à voix haute¹. Quand on fiche son billet, on fait une promesse : c’est d’honneur qu’il s’agit (et l’honneur c’est souvent ridicule) !
Il est étrange qu’un contenu si près du cœur puisse s’acoquiner avec le verbe ficher
Il est d’ailleurs étrange qu’un contenu si près du cœur puisse s’acoquiner avec le verbe ficher, une forme à peine édulcorée de foutre, lui-même variante de foutimacer². Mais la langue surannée est ainsi, soufflant le chaud et froid dans la même expression : ficher son billet est simultanément délicat et bourru.
Ainsi, quand on fiche son billet à autrui, on lui atteste son propos avec la gouaille d’un poulbot de Pantruche. Notons qu’en cas de désaccord sur l’affirmation, autrui pourra se le foutre où je pense, le billet en question, le transformant alors en papier pour écrire à Guillaume. Et là, le billet file vraiment au cradingue.
C’est parce qu’il impliquait d’y écrire quelques mots en pleins et en déliés que ficher son billet ira vieillir en surannéité. Dans la modernité électronique, quand on déclare c’est par clavier.
Et dans ce cas pas de billet; tout juste un post ou bien un SMS, qu’on ne fichera point. Je vous fiche mon post n’est pas venu réactualiser je vous fiche mon billet.
Il est des choses (comme celles du cœur dans un billet doux) qui ne se traduisent pas dans le langage moderne.
¹Ceci ne me servira pas de leçon pour autant.
²Encore plus sexuel que foutre. Utilisé par ce bon vieux marquis de Sade.

Quelle est la signification de « ficher son billet » ?
L’expression « ficher son billet » signifie affirmer quelque chose avec une grande assurance, comme si l’on pariait dessus. Quand on « fiche son billet », on met symboliquement un billet sur la table pour garantir que ce que l’on avance est vrai. C’est une façon imagée de dire : « j’en suis sûr et certain ».
D’où vient l’expression « ficher son billet » ?
À l’origine, le « billet » est un petit écrit, une promesse ou un engagement consigné noir sur blanc, avant de devenir aussi billet doux puis billet de banque. Ficher son billet, c’était donc, en quelque sorte, déposer son gage, mettre son engagement sur la table. De là vient l’idée de pari, d’honneur et de certitude qui colle encore à l’expression aujourd’hui.
Quel registre de langue pour « je te fiche mon billet » ?
« Je te fiche mon billet » appartient au registre familier, avec ce léger parfum désuet qui plaît tant aux mots surannés. On ne l’utilisera pas forcément dans un rapport de stage ou un courrier administratif, mais elle trouve très bien sa place dans la conversation, le récit ou le dialogue un peu littéraire.
Comment utiliser « ficher son billet » aujourd’hui ?
On emploie « ficher son billet » pour insister sur sa certitude : « Je te fiche mon billet qu’il va encore arriver en retard », « Je vous fiche mon billet que cette série va vous plaire ». L’expression ajoute une petite touche théâtrale et souriante à la phrase, comme si l’on appuyait son propos d’un clin d’œil complice.
