Locution fami-libidineuse pour tentative d’approche sentimentalo-lourdingue à fort taux de naphtaline

Fig. A. « Mais quel est cet horrible parfum ? »
[avwaʁ la tɛt dɑ̃ lə so] (SEDUC. LOURD.)
En ces temps où toute conversation à intention séductrice se doit de débuter par la traditionnelle question « Vous habitez chez vos parents ? », tout n’est pas rose et exquis pour la gent féminine; exercent aussi des butors à l’éducation désinvolte.
Pour ces balourds tentant d’emmitonner avec la grâce du sanglier, la langue a créé faire du gringue, autrement dit tenter de gruger la greluche par une approche généralement bancale et souvent grotesque.
Car le gringue n’est pas le flirt, pas même la drague. Faire du gringue nécessite du regard détaillant de haut en bas, du compliment douteux et de l’humour de coussin péteur, soit un filet garni de compétences qui ne se trouve guère que chez le parfumé à l’after-shave de Prisunic, le conducteur de BX rouge avec spoiler arrière, le VRP en goguette (ce dernier pouvant être les deux autres à la fois, mais ceci est une autre histoire).
Plus encore, faire du gringue pourra à l’occasion s’agrémenter de paluches baladeuses, au risque pour le tripatouilleur de se manger une giroflée à cinq pétales, la donzelle d’alors n’étant pas spécialement plus docile que celle d’à présent.
Le mot gringue viendrait — selon les lexicographes les plus inspirés — d’une déformation du mot gringalet (petit, malingre) ou du verbe espagnol gringuear, forme argotique de « faire le joli cœur ». Dans tous les cas ça sent le flafla, le mal venu et la gêne grand format. Car contrairement à la séduction mutuelle, qui suppose un minimum de réciprocité, le gringue est unidirectionnel. Faire du gringue évoque les slows refusés, les patins échoués, les râteaux programmés.
Bien heureusement le moderne séducteur s’est mis à l’abri de tout ça. « Sus au gringue » clame-t-il haut et fort, rejetant toutes ces mauvaises manières.
Lui il matche, il slashe, il ghoste, en DM, pas IRL. Est-il exquis pour autant ?
