Être ferré à glace [ètre féré a ɡlas]

Être ferré à glace

Fig. A. Le geste maîtrisé. Allég.

[ètre féré a ɡlas] (loc. maîtr. MARÉCHAL.)
De l’arpète au maître il y a un monde et divers degrés de compétence auxquels la langue affuble fort opportunément des expressions qui permettent de remettre chacun à sa place.

Du haut de ce panier, en tout métier il se dit qu’il est ferré à glace.

Peu importe que l’on envisage le serrage de boulons, la chirurgie cardiaque, la construction de ponts ou un numéro de trapèze volant, celui qui maîtrise son sujet est ferré à glace pour dire son niveau sans pareil.

Louant en maréchalerie l’équilibre du cheval muni de fers à crampons pour trotter sur un sol gelé, la locution est bien vite devenue celle de toute autorité en imposant grâce à sa maestria façonnée par le travail et l’expérience. Quittant le canasson pour l’homme de l’art, être ferré à glace a charrié avec elle la noblesse de l’animal et son statut patricien pour conférer une condition particulière au fort en tout thème que la difficulté qui égare le grouillot n’effraye pas.

Le ferré à glace voit la carotte venir

Point de chausse-trappe assez malin pour le piéger. S’il y a piperie, il le découvrira. Le ferré à glace voit la carotte venir, détecte le déplombage, repère le pirate. S’il y a un loup il le corrige : il a le tour de main.

Dans un usage un tantinet familier c’est le dégourdi qui est aussi considéré comme ferré à glace puisqu’il se tire de toutes les situations dans lesquelles l’empoté, lui, se vautre. Son style est moins académique que celui du bon maître mais son éveil lui vaut le compliment. Ainsi le poulbot chapardeur d’une pomme qui se carapate face à la maréchaussée sans s’étaler sur le pavé peut-il mériter être ferré à glace.

Chassant le savoir-faire, la procédure et son âne bâté, le mode d’emploi, vont peu à peu remiser être ferré à glace au rang des expressions surannées.

Est désormais maître le moderne qui applique l’ordonnancement pensé pour économiser ce temps inutile de l’apprentissage. Pour écrire il lui suffira par exemple de se référer au mode d’emploi du stylographe à bille rotative :

1. L’opération sera réalisée à l’aide d’une main droite pour toute personne dite droitière, et à l’aide d’une main gauche pour toute personne dite gauchère. En cas de doute sur votre main directrice, consultez un spécialiste de la direction manuelle et n’utilisez pas le stylographe à bille rotative sans son avis.

2. Saisissez délicatement la fine tige plastifiée du stylographe à bille rotative entre le pouce et l’index. Ceux-ci doivent former un ovale fermé dont la pression contribuera à faire se tenir le stylographe à bille rotative selon un angle compris entre 45° et 80° par rapport à une surface plane horizontale destinée à l’écriture ou au dessin.

3. Les trois autres doigts de la main (dans le cas le plus courant d’une main à cinq doigts) se posent sur la tige plastifiée afin d’assurer une prise ferme répondant immédiatement aux sollicitations générées par le poignet. Nota : l’auriculaire, dans certains cas exceptionnels, peut se détacher des deux autres doigts et indiquer « le ciel ».

4. Tout en appuyant légèrement l’extrémité du stylographe à bille rotative dotée de la bille rotative sur un papier ou toute autre surface destinée à recueillir l’écriture ou dessin, faire translater l’ensemble main-stylographe à bille rotative vers la droite (pour une écriture à base d’alphabet latin).

5. En cas d’utilisation d’un écriture arabe ou japonaise, vous référer au mode d’emploi d’utilisation du stylographe à bille rotative de la langue concernée. 

Tout est plus simple sans les vieilles méthodes désuètes.

Laisser un commentaire