Déchirer dix mètres de satinette [déSiré dis mètre de satinèt]

Déchirer dix mètres de satinette

Fig. A. Jospeh Pujol déchirant dix mètres de satinette.

[déSiré dis mètre de satinèt] (loc. son. PROU.)

Pour aussi précieux et maniérés qu’ils l’aient été, les temps surannés ont parfois fait dans la grosse caisse et le comportement potache.

Et si la digestion devait aboutir à une flatulence à l’accord prolongé et sans ambiguïté il en était ainsi, la chose étant alors dite déchirer dix mètres de satinette plutôt que vulgairement péter et trouer son calbute.

Ce vent au son qui dure longtemps laisse augurer, pour le poète, un potentiel destructeur allant bien au-delà du slip kangourou de l’émetteur ou de ses dessous quelle qu’en soit la matière.

L’étoffe cotonneuse parent pauvre du satin est choisie par soucis d’élégance puisque tout l’objet de l’expression est de soutenir qu’il ait pu y en avoir un soupçon dans ce gaz résonnant et vraisemblablement odorant (mais ceci est une autre histoire). Sans satinette point de bon ton dans la ventosité.

Il est une forme de panégyrique dans déchirer dix mètres de satinette

C’est donc un véritable hommage au gigot flageolets que rend déchirer dix mètres de satinette. Sans entrer dans le registre du compliment à la maîtresse de maison, ces dix mètres en imposent aussi bien qu’un tapis rouge menant aux marches de la gloire : il est bien évident que quelques centimètres percés par un peu de laisser-aller intestinal ne seraient pas élogieux.

Alors qu’il est une forme de panégyrique dans déchirer dix mètres de satinette.

Certes le sermon peut paraître simpliste au moderne mais il faudra lui rappeler que Jospeh Pujol, dit Le Pétomane, triomphe alors sur scène de 1887 à 1914 et que l’artiste remplit le Moulin-Rouge¹ tandis qu’il vide son côlon. La Belle-Époque est celle de toutes les audaces en sus des élégances.

Portée par l’enthousiasme populaire, déchirer dix mètres de satinette s’entend en toute circonstance, du banquet étudiant au pince-fesses guindé, de la chambrée de troufions à l’alcôve intime. Il n’y a pas qu’au lieu d’aisance qu’il est convenu de balancer du tapageur.

Autres temps autres mœurs, venue l’époque contemporaine il s’agit de se tenir raide pour paraître éduqué. Et concomitamment de bien serrer les fesses pour ne rien en laisser échapper.

Une tramontane ouïe et c’est le déshonneur qui s’abat sur le locuteur bruyant. Et même s’il est lettré il ne pourra user de déchirer dix mètres de satinette pour justifier son acte : l’expression est désuète depuis belle lurette.

¹Ses cachets sont du double de ceux de la grande Sarah Bernhardt.

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