Remettre le couvert [remètre le kuvèr]

Fig. A. Un premier service avant de remettre le couvert.

[remètre le kuvèr] (loc. olé. SEX.)

Arts de la table et bonnes manières règnent en maîtres en ces temps désormais surannés où l’on dit encore bonjour à la dame sans mettre ses doigts dans son nez. Plus encore, la politesse considère alors de bon goût de remettre le couvert lorsque tel prétendant est allé présenter ses hommages à Madame la marquise et que cette dernière semble satisfaite mais non repue par la galanterie.

L’expression pourrait suggérer que le dit couvert a été dérangé et que, par exemple, les convives ne sont plus éloignés de trente centimètres comme le veut l’étiquette, les couteaux et les cuillères à soupe ne se trouvent plus à droite ni les fourchettes à gauche. Et que si le couteau à fromage et le couvert pour le dessert ont été un instant tête-bêche, ce n’est plus vraiment le cas désormais. Faux ami !

Si le couteau à fromage et le couvert pour le dessert ont été un instant tête-bêche, ce n’est plus vraiment le cas désormais

Remettre le couvert n’à que faire du savoir-vivre à la française. Point de cuillère à potage, de lame vers l’assiette, de fourchette pointe vers le bas (pour voir les armoiries), de verre à vin blanc, rouge, à eau.

Ça cause de bis repetita, de seconde cartouche, de deuxième tour des élections, quand il est fait allusion au couvert à remettre. Les plus tatillons prétendront qu’il faut à nouveau dresser la table pour remettre le couvert et que c’est de cette image pudique que procède l’expression olé olé. Il est possible qu’ils aient raison car sans redressement le couvert s’avérerait peu amène. Et sa bonne prise en main en serait de toute évidence affectée.

A minima admettons que remettre le couvert se fait généralement après un dîner aux chandelles et que la bonne chère précède souvent la chair ferme.

Notons enfin qu’on remettra d’autant plus facilement le couvert que l’on est dans la force de l’âge, le temps qui passe faisant donc de l’expression une gourmande antanaclase plutôt qu’une véritable répétition.

Pharmacopée moderne et autres artifices plastiques aidant, remettre le couvert deviendra juste une affaire d’emploi du temps et non de charnel désir pour le ribaud contemporain, contribuant ainsi à faire de ce qui était autrefois une prouesse du batifolage un minimum syndical. Cette disposition entraînera sa chute dans le monde du parler désuet. Celui où se cantonnent aussi l’étiquette et l’art de vivre, la fourchette à gauche et le couteau à droite, mais ceci est une autre histoire.

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