La malle-cabine [mal kabin]

Fig. A. Prêt pour le départ. Archives perso. Olivier Genevois.

[mal kabin] (n.f. VOY.)
La malle-cabine nous provient des voyages au long cours, des paquebots majestueux¹, des avions qui n’arrivèrent jamais, des porteurs de bagages de l’Orient Express.

Bref de tous ces surannés du voyage quand il était expédition, peut-être sans retour, en tout cas vers l’inconnu ou le bien mal connu.

Il en fallait alors des tenues, des accessoires, des chaussures, des chapeaux, des trucs et des machins. Le voyage se vivait, et il n’était pas question de se présenter au dîner dans la tenue nécessaire à l’exploration d’une jungle papoue, ou d’oser à l’inverse l’ascension du Kilimandjaro en robe légère ou queue-de-pie. Aussi avait-on un besoin impérieux d’une malle-cabine capable de tout ordonnancer proprement. Un sens de la juste mesure et de la dignité en tout point qui imposait au passage une certaine intendance qui suivait comme l’exigeait le Général de Gaulle.

Affublée de ses mille étiquettes colorées comme autant de breloques grelottantes au poitrail des dignitaires de la grande Armée Rouge, la malle-cabine nous raconte ses périples dans ce monde exotique. Elle a vu Rome, puis Addis Abeba, elle est passée par Stockholm pour atteindre Irkoustk, les chutes du Zambèze, la Grande Muraille et les plages de Nouméa. Elle a rejoint New York en bateau et a survolé la cordillère des Andes pour atteindre le Machu Picchu. Je la laisse toujours ouverte pour qu’elle me conte ses exploits.

Et qu’elle se tienne prête à repartir.

¹“Ne m’appelez plus jamais France, la France elle m’a laissé tomber”, paroles de Pierre Delanoë et Michel Sardou, 1975

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