Être Fanny [ɛtʁ fani]

Fig. A. Joueurs de pétanque, Marseille.

[ɛtʁ fani] (adj. PETAN.)

Être Fanny c’est se prendre une raclée, une vraie, une de derrière les fagots. Selon qu’elle s’applique à la pétanque, au baby-foot ou à toute autre activité humaine de compétition, le score diffère sauf en un point : le zéro.

Pointé.

Pour être Fanny en effet, le perdant doit exposer à l’opprobre générale un score virginal au tableau d’affichage. Ça peut donc nous donner du 13-0, du 6-0, du 10-0, c’est fonction des règles locales et ça n’a surtout aucune vertu adoucissante quel que soit le premier chiffre. Une branlée c’est une branlée¹.

La tradition veut que le perdant (celui qui est Fanny) se soumette à un rite permettant au plus large public de goûter au camouflet infligé. Le bon peuple s’est toujours repu des humiliations en place publique et goûtera avec délectation celle du Fanny.

Le vilain, donc, devra s’agenouiller et embrasser les fesses d’une certaine Fanny aujourd’hui communément représentée par un dessin, une photo, une sculpture d’une femme dont on comprend à la pose qu’elle doit être légère ou au moins généreuse.

L’histoire raconte que la Fanny originelle était Lyonnaise, de la Croix-Rousse précisément (on ne fait pas plus pur en capitale des Gaules), et que les joueurs de boule lyonnaise déconfits mais finalement pas si malheureux que ça devaient lui embrasser le postérieur. De là à y voir le début de l’appétence particulière du sport français pour la défaite il n’y a qu’un pas que nous nous garderons cependant de franchir.

Fig. B. Un perdant embrassant Fanny. 1887.

Reste qu’il nous faudra bien comprendre un jour pourquoi la victoire nous fuit aussi souvent, même si ceci est une autre histoire.

La tradition d’embrasser Fanny est caractéristique de la défaite à la française : tout se termine toujours en gauloise gaudriole. Ce qui prouve au moins que si on n’est pas les meilleurs sportifs on est les plus malins, parce que, rappelons-le, si on tape comme des dingues dans un ballon, si on se colle de gnons et des bourre-pifs, si on court pendant 42 bornes c’est uniquement pour frimer devant les filles.

¹La branlée est un terme technique illustrant le caractère paroxysmique d’un résultat sportif.

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