Monter sa grand-mère au grenier [môté sa ɡrâdmèr o ɡrenjé]

Fig. A. Oh la belle verte que voilà !

[môté sa ɡrâdmèr o ɡrenjé] (loc. nas. SNIF.)

Alors que l’éducation la plus surannée impose de dire bonjour à la dame et de laisser sa place assise à l’aïeule dans le bus, c’est un sourd reproche qui se cache derrière l’aide apportée à mémé pour accéder aux combles de la maison.

N’avoir jamais vu péter le loup sur la pierre de bois [navwar Zamè vy pété le lu syr la pjèr de bwa]

Fig. A. Loup péteur.

[navwar Zamè vy pété le lu syr la pjèr de bwa] (loc. naïv. CANIS.)

Craint qu’il est – puisque supposément dévoreur d’enfants, de princesses et de toute chair fraîche portant jupons – le loup tient une place particulière dans le langage des années de son règne. Quand son nom fait irruption dans une expression on est dans le sérieux voire le pesant.

Donner des noms d’oiseaux [dòné dé nô dwazo]

Fig. A. Phalarope à bec étroit.

[dòné dé nô dwazo] (loc. verb. CUI.)

Il est probable que dès l’établissement de la première forme de vocabulaire et de syntaxe, l’être humain s’est mis de côté quelques phonèmes dont l’objectif était de tancer ou humilier celui à qui ils étaient adressés.

Y aller franco de port [i alé frâko de pòr]

Fig. A. Un docker, un marin et une putain dans le port d’Amsterdam.

[i alé frâko de pòr] (exp. ciale. GRATU.)
Les temps surannés ne sont pas ceux du jardin d’Eden, cotonneux et doux à loisir. Les temps surannés connaissent eux aussi la dureté des us, la violence des coutumes parfois; simplement le font-ils savoir en des termes un tant soit peu travaillés.

Se la tailler en biseau [se la tajé â bizo]

Fig. A. Atelier de taille en biseau.

[se la tajé â bizo] (loc. coup. GEM.)

Un simple pronom personnel, sibyllin complément de l’objet du propos, et c’est un mystère de la langue qui surgit. L’expression intrigue : que faut-il donc tailler selon se la tailler en biseau ?