Droguerie [dʁɔɡʁi]

Fig. A. Vendeur de droguerie.

[dʁɔɡʁi] (n. fém. COMMERC.)

Depuis toujours, ce mot sent le souffre. D’une part parce qu’on en trouvait dans ses rayons (mais à quoi cela pouvait-il bien servir ?) et d’autre part parce que sa proximité sémantique avec les interdits le rend suspect.

Qui peut bien avoir eu l’idée saugrenue de le nommer ainsi ?

J’observais avec candeur et admiration les adultes annoncer haut et fort qu’ils allaient à la droguerie, comme ça, tranquillement. Allons quoi ! Ma mère se perdant dans cet univers chaotique et interdit ? Comment était-ce possible ?

Les drogueries ont disparu, emportant avec elle leur lot de mystères, leurs savons de Marseille, leurs teintures à tout faire, leurs bouteilles de couleurs. Quand j’en trouve une sur mon chemin j’y fais un tour pour humer son odeur.

À la revoyure [a la ʁəvwajyʁ]

Fig. A. Au Père Tranquille. Paris XIVe.

[a la ʁəvwajyʁ] (exp. FAM.)

Il y a de la gouaille, du poulbot, dans un « À la revoyure«  lancé à la cantonade. J’aime bien son aspect rocailleux et respectueux à la fois. C’est un peut-être, un espoir, un rêve d’une prochaine rencontre qui se fera si tout va bien, si le destin le veut.
On le balance en quittant le bar des copains, la partie de pétanque, le baloche du samedi soir. Oui, il y a du Gavroche là-dedans.

À la revoyure les aminches !

Et tout le Saint-Frusquin [e tu lə _sɛ̃tfʁyskɛ̃_]

Fig. A. Saint-Frusquin nourrissant un petit lévrier. Musée du Vatican.

[e tu lə _sɛ̃tfʁyskɛ̃_] (exp. ET PATATI.)
Faire appel à un raccourci intégrant je ne sais quel truc canonisé (qui est donc ce Frusquin ?) est hautement jubilatoire.

Il oblige l’interlocuteur à se projeter dans un monde complexe empli de divinités et de leurs sbires mi-hommes mi-fruits-de-l’imagination, tous le toisant doctement et attendant qu’il se soumette. En ne proposant rien d’autre qu’un vague amalgame limbique, le Saint-Frusquin emporte l’acquiescement.

Nettement plus fort qu’un simple « tu vois ce que je veux dire », le Saint-Frusquin est la quintessence d’une pensée partagée sans être formulée. Quand vous ne savez plus quoi dire, terminez votre phrase en l’invoquant.

Du grand art je vous dis.

Saperlipopette [sapèrlipòpèt]

Fig. A. Enfants réprimandés.

[sapèrlipòpèt] (exclam. RONDJU.)
Chez ma grand-mère, saperlipopette traduisait le comble de l’exaspération devant le (risible) constat de nos bêtises d’enfants.

Une pomme chapardée dans le verger voisin, la porte du jardin demeurée ouverte et les chiens en goguette, la transformation improbable d’un vieux landau en caisse à savon… Toutes ces expériences pouvaient lui arracher un saperlipopette.

C’était alors le signal du repli tactique vers la cabane secrète ou plus loin encore selon l’intensité sonore du juron. Je n’ai compris que bien plus tard que c’était surtout pour nous dire qu’elle nous aimait mais que nos prédispositions à l’exploration du vaste monde risquaient tout de même de faire basculer le fragile équilibre du voisinage.

Une première leçon de real politik en quelque sorte.

Club Mickey [klœb _mikɛ_]

Fig. A. Bonjour, viens jouer avec moi !

[klœb _mikɛ_] (marq. dép. DISNE.)
Oh la vache, le Club Mickey ! Le nec plus ultra de la plage. The place to be des happy few en culottes courtes. Il y avait un trampoline ! Tu te rends compte, un trampoline.