L’adjectif s’accorde en genre et en nombre… [ladʒɛktif sakɔʁd ɑ̃ ʒɑ̃ʁ e ɑ̃ nɔ̃bʁ]

Fig. A. L’accord de l’adjectif et du participe  passé.

[ladʒɛktif sakɔʁd ɑ̃ ʒɑ̃ʁ e ɑ̃ nɔ̃bʁ] (règl. GRAMM.)

Une récente prise de bec avec quelque féministe de mauvaise humeur et de bas étage sur la règle d’accord en genre et en nombre d’un épithète ou d’un adjectif avec le nom auquel il se rapporte et celle du participe passé (vous savez le truc compliqué placé avant/après) m’a fait me poser la question du suranné de la règle susnommée.

Je vous saurais gré de bien vouloir… [ʒə vu sɔʁɛ ɡʁe də bjɛ̃ vulwaːʁ…]

Fig. L. Je vous saurais gré de bien vouloir et cætera.

[ʒə vu sɔʁɛ ɡʁe də bjɛ̃ vulwaːʁ…] (conjug. LOC.)

Est-ce l’emploi complexe de la formule ou plutôt l’absence décomplexée de toute forme de gratitude ou de reconnaissance qui l’auront rendue surannée ? Je ne saurais vous dire, mais force est de constater que savoir gré tombe rarement au bon endroit au bon moment. Certains maladroits « sont gré » et abîment un peu plus la vieille locution qui ne peut hélas pas se rebiffer, maudit sois-tu conditionnel qui fait se confondre savoir et être. Je vous saurais, je vous serais, après tout, être ou savoir qu’importe, on n’est plus à ça près. Mais je suis trop exigeant, je sais.

Casser sa pipe [kase sa pip]

casser sa pipe

Fig. S. Ceci n’est pas la faucheuse.

[kase sa pip] (exp. fam. MOUR.)

Oh rassurez-vous, si je puis dire, la faucheuse n’a pas démissionné, loin de là. Mais son expression a bien changé elle. On ne casse désormais plus sa pipe, on décède, on s’en va, on est emporté par une longue maladie, tout juste meurt-on dans certains cas les plus vils. La formule avait pourtant de l’image, un peu confuse soit, mais elle était poétique. Elle nous parlait du grand-père assis dans son fauteuil en cuir, du feu de cheminée et des histoires d’il y a bien longtemps qu’il nous racontait. Le parfum de son Amsterdamer ou de son Butterfly que j’aimais bien renifler en cachette, sa collection de pipes aux formes toutes différentes, ses petits rituels lents et maîtrisés… tant de moments délicieux. Tout ça aurait donc une fin.

Vieille baderne [vjɛj badɛʁn]

Vieille baderne

Fig. A. Vieille baderne.

[vjɛj badɛʁn] (exp. SURAN.)

Aujourd’hui nous ferons dans le meta-suranné. Oui, dans le suranné suranné.

Tout simplement parce que vieille baderne signifie suranné et que vieille baderne est surannée.

Train de nuit [tʁɛ̃ də nɥi]

Fig. J. Train de nuit. Musée SNCF.

[tʁɛ̃ də nɥi] (SNCF)
Mais bien sûr que le train de nuit est suranné. La preuve est qu’il n’existe plus, ou presque.

La grande vitesse l’a remisé au fond de la gare d’Austerlitz, et encore.

Fini les voyages au long cours avec des provisions pour un repas et un petit déjeuner, les couvertures qui grattent et les voisins qui ronflent plus fort que le tactac tatoum.

Fini les clopes fumés dans le couloir, la fenêtre ouverte même si é pericoloso sporgersi.

Fini les longs dialogues avec une inconnue parce qu’on a le temps de se parler puisqu’on en a pour 15 heures. Et ces trrrrrrois minutes d’arrêt à Brive-la-Gaillarrrrde, je les adorais, au petit matin. Je veux aller lentement, je veux mon train de nuit.