Potron-minet [_pɔtʁɔnminɛ_]

potron-minet

Fig. A. Je partirai.

[_pɔtʁɔnminɛ_] (n. com. MIAW.)

Oui, oui, potron-minet est tout un poème alors qu’il me plaise ici de l’introduire par le truchement du grand Victor (si je puis dire).

Qui mieux que lui pour nous dire cet instant subtil, doux comme la caresse du soleil sur la rosée encore fraîche, cet instant unique qui ne saurait durer plus qu’une éternité, cet instant magique où l’on tient le monde dans sa main, oui qui d’autre que lui ?

Potron-minet est bel et bien suranné car avec lui viennent les effluves de la soupe aux oignons, l’amertume du café et la douceur salée du beurre fraîchement baratté. Potron-minet et c’est le chat de la maison qui rentre de ses agapes nocturnes, potron-minet et la vie s’annonce belle. Potron-minet et le laitier a posé sa bouteille sur le pas de la porte.

J’aime bien me lever tôt.

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai.
Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Maréchaussée [maʁeʃose]

Figure. F. Contrrrôle du véhicule. Archives Gendarmerie Nationale.

[maʁeʃose] (n. com. POL.)

GIGN, RAID, CRS, GIPN, BRI, les acronymes du XXᵉ siècle ont rendu la Maréchaussée des plus surannées.

Et c’est bien dommage.

Désormais l’appellation vaut grand uniforme et moustache recourbée, couvre-chef à plume et arquebuse, plus qu’il n’en faut pour appeler à sourire et à un conséquent manque d’autorité. Manquerait plus qu’un roulement de « rrrrrr » et le compte est bon. Enquiquinant vous en conviendrez en cas d’interpellation de contrevenant sur la voie publique.

Maréchaussée est tombée au champ d’honneur de la bataille que la langue française mène avec les réalités de son époque, par exemple celle où l’exercice de la force publique est devenu avant tout celui de la force létale.

Le temps n’est plus aux circonvolutions, à la négociation voire à l’arrangement. Efficacité ne rime pas avec Maréchaussée la surannée.

Accentuer les majuscules [aksɑ̃tɥe le maʒyskyl]

Fig. E. É.

[aksɑ̃tɥe le maʒyskyl] (règl. GRAMM.)

Attention les amis, ici on touche au sensible, au détail qui n’en n’est pas un, au sens, à la parole. Mais je m’emballe. Accentuer les majuscules est la règle. LA RÈGLE. Eh oui Word, pauvre de toi Power Point, vade retro vil Excel et toi, maudit Windows 10, ne vous en déplaise en français l’accent a pleine valeur orthographique. Tout comme ses amies tréma et cédille. Alors mon p’tit père, tu vas me corriger tout ça vite fait sinon j’m’en vais t’montrer qui c’est Raoul. Suranné l’accent ? Certainement mais c’est pour ça que tu vas mettre du cœur à l’ouvrage et faire respecter la règle. Et si tu as comme un doute, rappelle-toi qu’entre un interne et un interné il n’y a que l’épaisseur d’un accent, un minuscule détail que je veux voir aussi en majuscule. PIGÉ ?

Jocrisse [ʒɔkʁis]

Fig. A. Raoul Volfoni, « Les tontons flingueurs ».

[ʒɔkʁis] (insul. RAOU.)

Le présent dilemme qui se pose à nous est celui du positionnement du curseur entre naïveté et bêtise assumée voire perversion de jocrisse; car qui pourrait contester qu’il est bien entendu totalement suranné, la dernière personne l’ayant employé se trouvant être le Capitaine Haddock¹ (Les aventures de Tintin : Coke en stock, Hergé, 1958).

Robe à smocks [ʁɔb a smɔk]

Fig. H. Caroline Ingalls se rendant à l’office.

[ʁɔb a smɔk] (mod. ROB.)

Avec la robe à smocks voici donc le retour de ma face la plus sombre : mon côté tratra. Car oui je le proclame, la robe à smocks avec ses fronces multiples et son col Claudine intègre haut la main le dressing suranné de la femme à la mode. Nul ne saurait le contester sauf à faire preuve d’une évidente mauvaise foi. Et si elle est portée comme il se doit, c’est à dire avec socquettes et souliers vernis de bon aloi, alors elle est vertu et innocence. Ah Mary et Laura Ingalls gambadant dans la prairie, accompagnant ce juste Charles jusqu’à la scierie ou aidant la douce et belle Caroline à ramasser les haricots… Ah, la robe à smocks est un délice. Et voilà, vous me faites divaguer. Et qui c’est qui va encore avoir maille à partir avec les féministes de la #team1erdegré ?