Gaudriole [ɡodʁijɔl]

Fig. A. La Madelon servant à boire.

[ɡodʁijɔl] (n. fém. VIEUX FRA.)

🎼🎶Quand Madelon vient nous servir à boire
Sous la tonnelle on frôle son jupon
Et chacun lui raconte une histoire
Une histoire à sa façon🎶
La Madelon pour nous n’est pas sévère
Quand on lui prend la taille ou le menton
Elle rit, c’est tout le mal qu’elle sait faire
🎶Madelon, Madelon, Madelon !🎶

De très sérieuses études menées avec rigueur dans de nombreux banquets d’amicales en tous genres et une veille importante des traditions de salles de gardes l’ont démontré : « La Madelon » se fredonne immanquablement si l’on aborde le terme de gaudriole. Aucune analyse n’a pu à ce jour démontrer le lien causal de l’une à l’autre mais il en est ainsi, la science et sa mesure sont implacables. Comique troupier et gaudriole marchent main dans la main au pays suranné.

Chattemite [ʃatmit]

Chattemite

Fig. A. Vil ronronneur.

[ʃatmit] (subst. fém. ANC. FRA.)
Jean de La Fontaine est le dernier que je lus employant chattemite. Et peut-être l’ouïs-je dans quelque remarque lettrée d’un vieux professeur d’humanités comme je tentai de le flatter pour excuser un devoir en retard, il y a fort longtemps. Mais rien de plus. C’est vous dire si chattemite est suranné.

Galantin [ɡalɑ̃tɛ̃]

Fig. A. Paon faisant le galantin.

[ɡalɑ̃tɛ̃] (n. m. VIEUX FRA.)

Le galantin a un but et un seul. Quitte à passer pour ridicule il fera tout et plus encore pour l’atteindre.

Pandores [pɑ̃dɔʁ]

Pandores

Fig. A. Pandores procédant à l’interpellation d’un contrevenant sur la voie publique.

[pɑ̃dɔʁ] (n. m. pl. ARG./MYTH.)
Une nouvelle fois le « s » aura son importance.

Les pandores.

Bagatelle(s) [baɡatɛl]

[baɡatɛl] (n. f. OLÉ)

Rarement, singulier ou pluriel n’auront changé autant le sens. Rarement la présence elle même surannée d’un « s »¹ pour signifier la multitude n’aura été autant lourde de sous-entendus.

En commun, bagatelle(s) ont neuf lettres tout autant surannées que légères.

Oui, je trouve que le doublement du « l » confie de la légèreté, qu’y puis-je ? Mais pour ce qui est du contenu, on se prépare au grand écart : le singulier pour la frivolité, le pluriel pour les peccadilles. À moins que ce ne soit l’inverse, je ne sais plus. C’est à coup sûr ce doute qui l’a (les a) conduite(s) en surannéité cette (ces) bagatelle(s).

Qui plus est bagatelle(s) est difficile à distiller en une conversation, sauf à trouver l’enchaînement avec une voyelle pour souligner immédiatement la présence du fameux « s » et éluder à l’instant toute velléité d’ambiguïté. Imaginez un instant que vous proposiez au cocktail de l’année de partager quelque menue bagatelle à la propriétaire de cette robe fourreau moulante et fascinante…

Bagatelle et bagatelles se sont donc fait la malle du conversationnel. Et l’écrit est d’essence surannée. Moult romans galants ont accueilli le singulier est c’est un doux moment que de s’y replonger de temps à autre. Lisez mes amis, lisez, c’est bon pour l’esprit. Et n’oubliez pas non plus de céder à bagatelle et bagatelles, c’est bon pour les artères.

¹Ben oui quoi, si on se met aussi à respecter l’orthographe on finira par accorder les participes passés !