Mener les poules pisser [məne le pul pise]

Fig. 1. Différentes poules pouvant accompagner pisser. Musée du bonheur dans le pré.

[məne le pul pise] (expr. FAM.)

Cette expression que je tiens de mes ancêtres aux propos imagés est l’une de mes surannées préférées. L’entendre me met à chaque fois dans une joie hilare et me procure le plus vif intérêt ethnologique pour la personne dont elle décrit présentement l’action. Elle est malheureusement peu usitée, même au sein des cercles les plus surannés.

Solex [sɔlɛks]

Fig. A. VéloSoleX.

[sɔlɛks] (MARQ. DEP.)

Jai écrit Solex mais je devrais VéloSoleX si j’étais un peu plus rigoureux (je suis trop cool parfois). 

Tataouine [tatauin]

tataouine

Fig. A. Lointaine et mystérieuse Tataouine.

[tatauin] (n. pr. GÉO)

Bien avant Star Wars, ses Jedi, ses « Je suis ton père, Luke », ses « La force contrôler tu dois », ses bestioles poilues vivant sur des planètes improbables sises dans des galaxies tout aussi lointaines que fantaisistes¹, en ces temps reculés donc, existait un lieu exotique et fantastique où il était donné que mon père se rendait régulièrement : Tataouine.

Il connaît pas Raoul [il kɔnɛ pa ʁaul]

Fig. A. Raoul. Du temps du cinoche, du vrai.

[il kɔnɛ pa ʁaul] (exp. CINE.)

In extenso : « Mais il connaît pas Raoul, ce mec ! Il va avoir un réveil pénible. J’ai voulu être diplomate à cause de vous tous, éviter que le sang coule. Mais maintenant c’est fini, je vais le travailler en férocité, le faire marcher à coup de lattes ! À ma pogne, je veux le voir ! Et je vous promets qu’il demandera pardon, et au garde-à-vous ! ».

Celle-ci compte parmi les répliques les plus surannées du cinéma mondial. Oui, je le dis, je le redis et je le confirme.

Mirmillon [miʁmijɔ̃]

Fig. A. Mirmillon dans l’arène.

[miʁmijɔ̃] (n. m. GLAD.)

N‘y voyez aucun objet de phantasme, n’y projetez aucune connotation sexuelle, n’imaginez pas un instant que je m’identifie¹. Le mirmillon est suranné depuis que le pain et les jeux ont trouvé d’autres terrains d’expression² que celui des arènes où s’entre-tuaient des gladiateurs légendaires dont le mirmillon n’était pas le dernier. Il faut dire que lourdement armé comme il l’était, le mirmillon avait l’éparpillement par petits bouts facile, façon puzzle lui aussi. De quoi se faire remarquer.

Si j’entreprends de vous remémorer l’existence du bonhomme en question ce n’est nullement pour vous fournir un vernis culturel propice à la brillance en société (vous n’avez nul besoin de moi pour ça) mais pour que vous mesuriez à quel point des termes populaires (et croyez-moi, le mirmillon faisait se pâmer la pucelle dans les domus, un peu à l’instar d’un Cristiano Ronaldo aujourd’hui pour vous donner une idée), des termes populaires disais-je,  peuvent disparaître alors qu’on les pensait éternels. Car mirmillon a disparu du langage quotidien ou alors vous avez un sacré problème je vous le dis.

Oui, tout passe, tout lasse. Imaginez un millénaire prochain sans un Paris Hilton³ prononcé ne serait-ce qu’une fois dans l’année, un siècle qui ne parlera pas d’un puissant à la mode aujourd’hui, un temps qui nous aura oubliés toi et moi. Nous aurons rejoint le mirmillon dans les limbes surannés et il faut espérer qu’il se sera calmé car je n’ai pas envie de passer ma postérité à me foutre sur la tronche avec un mec en petit short moulant, un casque sur la tête et un gros couteau dans la main. Et si vous appréciez les films sur les gladiateurs il faudra faire sans moi, je ne m’appelle pas Joey.

¹Ne faites pas les innocents, je vous connais.
²Loto, PMU, paris sportifs, etc.
³Justin Bieber, George Clooney, Mimie Mathy ou qui vous voulez qui soit déjà passé à la télé vers 20 h.

« Joey, tu aimes les films sur les gladiateurs ? » Y-a-t’il un pilote dans l’avion, 1980

Chasse-cousin [ʃaskuzɛ̃]

Fig. H. Gros rouge qui tache.

[ʃaskuzɛ̃] (n. m. VIN.)

Le gros rouge qui tâche, la piquette du père Lardet, le pinard à Jojo, le picrate qui nettoie, voici le chasse-cousin.

Autant dire que le cousin en question devait être un sacré client pour ne mériter que l’obole d’un coup de rouge plus propre au dernier des vinaigres qu’à trinquer à la vie à la mort. Parce que le chasse-cousin pique et refoule, parce qu’il est encore plus efficace qu’un bon vieux coup de fusil, il boutera le malvenu hors d’ici et fera passer son chemin au convive qui s’improvise trop souvent. D’où son appellation, vous l’aviez bien compris.