Mignoter [miɲɔte]

Fg. G. Gentil nounours du pays des gentils.

[miɲɔte] (verb. PREM. GR.)

C‘est qu’il est doux comme un câlin d’enfance ce suranné là (et c’est d’ailleurs pour ça qu’il est bien suranné).

Mignoter ne fait pas grand cas de son évidente origine mignonne parce qu’il est parmi les plus gentils, tout simplement. Il ne se soucie guère d’une racine latine et noble, de préfixe, de suffixe, de vieux françois, d’argot, de populaire, de quelque complexe filiation qui l’amènerait du Nord ou d’Est. Non, mignoter est direct et suave à la fois, il sent bon la Soupline (mais si, souvenez-vous, le petit bébé emmitouflé sur fond bleu), il chantonne :

Antenne 2 [ɑ̃tɛn dø]

Fig. A. Visage sur écran. Collec. paranormale.

[ɑ̃tɛn dø] (n. cial. TV.)

J‘admets que j’ai cédé à la tentation du titre racoleur.

Godelureau [ɡɔdlyʁo]

Fig. A. Godelureau faisant son crâneur devant une belle.

[ɡɔdlyʁo] (n. m. FAM.)

Des fois j’ai une tendresse pour un mot suranné plus prononcée que pour un autre. Va savoir pourquoi j’aime bien ce godelureau qui n’est pourtant qu’un crâneur faisant ses cabrioles au demeurant grotesques devant les filles. En plus l’insolent les fait rire avec ses manières à lure-lure.

Chape-chute [ʃapʃyt]

Fig. A. Gagne-petit content de lui.

[ʃapʃyt] (n. comp. VIEUX FRA.)

Vous avez remarqué combien le suranné compose et use du trait d’union pour aboutir en expression ?

Avec chape-chute, que voici un joli groupe nominal à éviter pour les cheveux sur langue, vous savez ceux qui se demandent où sont passées les chaussettes de l’archiduchesse, celles qui ne sont jamais sèches même quand le chasseur sachant chasser sans son chien lui a passé son sèche-cheveux.

Sentir l’escafignon [sɑ̃tiʁ lɛskafiɲɔ̃]

Fig. L. Le pâtre aux pieds qui puent. Bronze antique.

[sɑ̃tiʁ lɛskafiɲɔ̃] (expr. ARG.)

Fouetter, puer, ne pas sentir la rose, embaumer, cocoter, poquer, schlinguer, refouler, cogner, empester, dauber, sentir le fauve, donner du paleron, écarter du fusil, flamber de la cassolette, flingoter, foisonner… Il vous en faut encore ? Du moderne ou du suranné ? C’est ça sentir l’escafignon avec une précision sur la localisation du remugle nauséabond : les pieds. Eh oui, sentir l’escafignon ça touche aux arpions, tu vois que c’est suranné. J’en vois certains qui commencent à tourner de l’œil, je continue ?

Chez ma tante [ʃe ma tɑ̃t]

Chez ma tante

Fig. 1. Joueur ruiné se rendant chez ma tante. XVIIIe s.

[ʃe ma tɑ̃t] (exp. FAM.)

C‘est qu’il m’en a fallu du temps avant de la comprendre celle-la. Ayant vécu en partie ces lointains temps surannés, il m’était en effet arrivé d’entendre ici ou là en enfance qu’il fallait passer chez ma tante.