Dormir sur la béquille [dòrmir syr la békij]

Dormir sur la béquille

Fig. A. Viril rebelle à béquille intégrée.

[dòrmir syr la békij] (loc. verb. MOTO.)

Les modernes chagrins imaginent qu’au temps lointain du suranné la place de la femme était à la cuisine, et que son consentement en toute chose n’était que purement accessoire, soumise qu’elle devait être à la volonté impérieuse d’un potentat matriarcal. Quelle erreur !

Nous n’étudierons pas dans ces lignes la locution maîtresse de maison, dont vous aurez bien noté qu’elle débute par maîtresse, mais une toute autre expression qui laisse à imaginer que tout chef de famille qu’il fut, l’homme régnant pouvait être déchu et son sceptre brandi ne lui servir à rien.

De derrière les fagots [de dèrjèr lé faɡo]

Fig. A. Divers morceaux de bois composant un fagot.

[de dèrjèr lé faɡo] (loc. adv. OIGN.)

Autant le suranné sait être rustique à souhait avec par exemple en toucher une sans faire bouger l’autre ou encore péter dans la soie, autant peut-il aussi porter au firmament de sa syntaxe des formes élaborées voire même sophistiquées.

Sa langue a donc pris garde de se doter d’une formule digne du pinacle auquel, parfois, il vouera une action, une recette, un vin, enfin bref une importance de la vie.

— Dis papa, c’était comment au temps du suranné ?

Jojo (être/ne pas être) [ZòZo]

C'est pas jojo

Fig. A. To be, or not to be: that is the question.

[ZòZo] (n. prop. HAML.)

Si être ou ne pas être est bien la seule question qui vaille (le cas échéant relisez l’acte III scène 1 de qui vous savez), elle pourra s’appliquer à d’autres pans de la comédie humaine que ceux de la vie et la mort, comme par exemple les voitures (on est Peugeot tout comme on n’est pas Citroën), le pinard (certains sont Bordeaux alors que d’autres sont Bourgogne et rien d’autre), le football (on ne peut être OM si l’on est PSG) et bien évidemment les femmes (certains sont blondes et ne sauraient être brunes). Oui, Shakespeare est partout.

En prendre plein les mirettes [â prâdre plê lé mirèt]

Fig. A. Malicieuse et séduisante mirette droite.

[â prâdre plê lé mirèt] (loc. verb. OH !)

L‘ébaudissement est un état courant au temps du suranné, et il en est de l’étonnement pour celui qui le vit comme de l’envol pour le perdreau de l’année : un émerveillement quotidien. C’est pour cela que le langage d’alors, dans son grand pragmatisme, bâtit une locution emplie de poésie.

Courir la prétentaine [kurir la prétâtèn]

Courir la prétentaine

Fig. A. Coureur de prétentaine en action.

[kurir la prétâtèn] (loc. ver. SPOR.)

C‘est un nom commun étrange, unique, presque inusité mais pas pour autant inutile. Il compose une désuète expression qui pourrait prendre une bien truculente tournure si elle devait se lire à l’aune moderne des exploits télévisés en épisodes des femmes de la génération Y.