Marcher comme les affaires de la ville [marSé kòm léz‿ afèr de la vil]

 

Fig. A. Une ville.

[marSé kòm léz‿ afèr de la vil] (lit. iron. DÉCONN.)

Quand c’est poussif, que ça hoquète du moteur ou que ça tousse dans l’action, quand ça déconne bicause magouille, quand ça s’égare dans le zig et un peu dans le zag, le langage de mamie fait dans la comparaison citadine en prétendant que ça marche comme les affaires de la ville.

« Ma 403 Peugeot marche comme les affaires de la ville » signifie par exemple qu’elle pourrait bien vite finir à la casse, et un postillonnant « ça marche comme les affaires de la ville » en réponse à « comment ça va la p’tite santé ? » laisse présager du pire. Autrement dit quand ça marche comme les affaires de la ville ça déconne à pleins tubes.

Les hypothèses sur la cité d’où provient l’expression sont légions.

Partout où l’édile a tapé dans la caisse, où le bourgmestre a confondu trésor public et larfeuille personnel, où les impôts locaux ont rassasié les grosses légumes du coin, a pu surgir marcher comme les affaires de la ville. Du moindre hameau de France à la plus lumineuse des cités en passant par les sous-préfectures de province, il se susurre que c’est ici qu’est née la litote aristarque.

Romorantin ? Pithiviers ? Nul ne sait où est née l’expression

Aucune étude sérieuse ne permet pourtant d’affirmer que le berceau est situé au Nord ou au Sud, que la ville en question est de garnison ou de villégiature, permettant ce faisant à chacun d’imaginer qu’il habite, au choix, une cité des anges ou de tous les vices.

C’est ce flou qui fera le succès de la critique contenue.

À Romorantin on pourra dire que ça marche comme les affaires de la ville en imaginant Pithiviers dans le pétrin, à Cherbourg on jettera sans le dire l’opprobre de l’expression sur Toulon. Et si l’on vise le fauteuil de premier magistrat aux prochaines élections on fera un usage intensif de marcher comme les affaires de la ville pour tancer la bien piètre efficacité de l’exécutif aux manettes.

Le moderne préférant réussir dans les affaires plutôt que dans l’ironie, il rendra bientôt caduque ces choses publiques qui ne l’intéressent guère.

Ça marche comme les affaires de la ville n’éveille plus aucune suspicion dans l’esprit de celui qui l’entend usitée. Ce qui a par ailleurs peu de chance de se produire puisque tout fonctionne désormais à merveille.

Laisser un commentaire