Pommadin [pòmadê]

Fig. A. Pommadins devisant sur les précipitations saisonnières.

[pòmadê] (loc. péjor. COIFF.)

S‘il est une caractéristique identifiable des années surannées c’est bien celle de l’ordonnancement capillaire, que celui-ci soit laissé à la libre appréciation du Flower Power et de ses hérauts hippies, à la rigidité millimétrée par le règlement du 1er RPIMa, conscription oblige, ou à l’expertise maniérée du pommadin du quartier.

Grand architecte du cran ou de la mise en plis, le pommadin est ainsi dénommé pour sa propension à enduire généreusement cheveux et cuir chevelu d’une préparation onctueuse composée d’un corps gras et d’essences parfumées, soit à passer de la pommade au quidam, tout en glosant sur le niveau des précipitations saisonnières ou les pérégrinations amoureuses d’un vainqueur de radio-crochet.

❝ On aura une belle arrière-saison cette année

C’est d’ailleurs le caractère benêt de ses sujets de prédilections qui vont faire dévier le sens de pommadin vers une forme un tantinet péjorative, alors que sa maîtrise de l’étalage d’onguent aurait pu le mener vers les cimes du langage châtié.

Avec son complice le merlan il forme le duo moqué des as de l’attifet, des tresseurs de queue-de-cheval, des architectes de la fontange et des sculpteurs sur crâne de footballeur.

Ainsi c’est le garçon coiffeur lassant qui devient pommadin et avec lui tout ridicule précieux et maniéré, qu’il soit ou non en possession d’un peigne et de ciseaux.

Cette extension du domaine de sa compétence lui permet au plus fort de sa gloire de rivaliser avec gommeux, mirliflore et muscadin, muguet et petit-maître se tenant en léger retrait du fait d’une sophistication pédante.

La mise sous coupe réglée du maintien chevelu par l’industrie de la cosmétique aura cependant raison de pommadin.

Monétisant la tendance hirsute initiée par des punks pourtant résolument opposés à l’économie libérale, des multinationales procurant gel de coiffure pour styling saut du lit ou effet brillant 24 heures, feront bannir pommadin du langage, jugeant son existence préjudiciable à leur impérative croissance.

Parce qu’il le vaut bien, le pommadin s’en va se faire oublier des railleurs qui perdent ainsi tout accès au registre ironique, rendant la modernité peu subtile question goguenardise; mais ceci est une autre histoire.

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