Partir en capilotade [paʁtiʁ ɑ̃ kapilɔtad]

Partir en capilotade

Fig. A. La capilotade. Musée Sainte-Anne.

[paʁtiʁ ɑ̃ kapilɔtad] (exp. cons. CUIS. FOL.)

Celui-ci vous n’avez pas dû l’entendre depuis des lustres au bas mot, et encore.

Partir en capilotade est devenu suranné suite à l’apparition de la cacahuète et de la vrille qui lui ont piqué sa place en fin de phrase. Oui, la cacahuète a tué la capilotade c’est ainsi. Cruel destin n’est-il pas ?

Vous l’aurez bien compris il n’est pas question ici de la capilotade comme ragoût fait de plusieurs viandes déjà cuites mais de la capilotade comme situation compromise, celle dont on peut dire que quand elle part ça craint. La capilotade est donc avant tout un état annonçant le chaos imminent, un peu comme un oracle antique mais sans les entrailles de poulet qui, rappelons-le, font partie de la capilotade côté ragoût.

Lorsqu’une situation part en capilotade la majorité des concernés se mettront à gesticuler en tous sens, agitant frénétiquement leurs petites mains au dessus de leur petite tête et annonçant dans un cri hystérique à qui veut bien l’entendre que « on va tous mourir ! », sous-entendu dans les plus brefs délais. Je ne sais pas d’où leur vient cette volonté d’entraîner avec eux tous leurs semblables. Leur jugement obscurci par la noirceur de leur destin, si tant est qu’il n’ait jamais été éclairé, les transforme en moutons de Panurge courant tous vers l’abîme.

Se hâtant vers leur fin ils y trouveront raison à moins qu’une main charitable ne viennent les souffleter violemment, la gifle procurant dans cet unique cas un regain d’activité neuronale pouvant entraîner la survie. Ceci d’autant plus que le sujet sera parti en capilotade pour des raisons vitales, par exemple parce qu’il n’y a plus de frites à la cantine, parce qu’il chausse du 38 et que cette paire en soldes n’est plus disponible qu’en 44 (la pointure pas l’année) ou encore parce que quelqu’un a encore planqué cette pu**** de télécommande ! Enfin bon vous voyez le genre… Si, si, je suis certain que vous voyez. Moi-même, parfois, je la cherche cette pu**** de télécommande.

En ouvrant cette chronique sur les synonymes arachidier et aérien de la capilotade j’avais décemment omis de signaler l’existence de leur équivalence anatomique, mais je vois bien que vous l’attendez pétri d’une certaine impatience indécente.

Oui : partir en capilotade c’est aussi partir en couilles. Une fois de plus la modernité syntaxique y va de son allégorie testiculaire, elle adore ça. Soit, mais ne comptez pas sur moi pour en rajouter plus qu’il n’en faut. En devenant moderne partir en capilotade a filé en quenouille et n’essayez même pas d’y voir une fin en rimes, la maison a un rang à tenir.

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