Être de la pipe [ètre de la pip]

Fig. A. « Une petite pipe et au lit ».

[ètre de la pip] (loc. verb. MENT.)
Cassée quand c’est la fin, par tête quand il faut casquer, taillée (libidineuse qu’elle est), au nom d’elle même quand il s’agit de s’exclamer, débourrée aux toilettes…

La pipe est présente dans tant d’expression surannées qu’elle demande à être précisément analysée dans chacun de ces cas pour s’avérer intelligible.

C’est être de la pipe qui fait ici l’objet d’un examen approfondi sur ses origines et son sens, les autres casser sa pipe, par tête de pipe, tailler une pipe, nom d’une pipe, débourrer sa pipe, fumer sans pipe relevant de notices différentes.

La poésie pastorale et sa figure majeure, le pâtre armé de sa flûte champêtre à six trous, ou pipeau, dont l’usage fallacieux en appeau pour attirer les oiseaux en imitant leurs piaillements et les estourbir une fois séduits par ce qu’ils croyaient être le chant d’une femelle, les naïfs, a fait pendant des années de l’instrument de musique un synonyme de mensonge, de manœuvre de bas étage.

D’ailleurs être du pipeau vivait sereinement son rôle d’expression signalant l’entourloupe, alertant sur une combine, repérant le postiche, quand en 1929 René Magritte vient sur le même terrain et fait connaître avec La Trahison des images toute la menterie qu’une pipe peut cacher derrière son apparence, soulignant qu’elle n’en est pas une pour autant qu’elle paraisse telle.

C’est de la pipe

De pipeau à pipe il n’y a que deux lettres que des petits rigolos se targuant de faire dans la gouaille vont alors supprimer pour créer être de la pipe, expression contractée qui continue pour autant à exprimer la menterie et les lettres de Cracovie mais avec plus d’actualité. Une querelle des anciens et des modernes dans les années surannées en quelque sorte.

Être de la pipe a alors ses adeptes, être du pipeau ses dévots, et chacun y va de son expression favorite quand il s’agit de confondre l’imposture.

Fig. B.Une bonne pipe est Française.

C‘est une similarité orthographique mâtinée d’une prononciation à l’américaine qui va rendre désuète cette pipe qui n’en est pas non plus puisqu’elle est un pipeau.

C’est dans le pipe (prononcer [ˈpaɪp] ou paille-pe) arrive des États-Unis d’Amérique et s’épanouit illico dans le langage des nouveaux modernes pour signifier que c’est en cours. Toute tâche non aboutie (et qui ne le sera probablement jamais, même si c’est une autre histoire) de tout bonimenteur de profession¹ se retrouve ainsi dans le pipe (paille-pe), contraignant être de la pipe à une retraite soudaine pour cause de confusion.

C’est de la pipe ne s’entendra plus. Qui en userait passerait pour réfutant le Nouveau Monde.

¹Plombier, publicitaire, banquier, livreur, responsable de photocopieuse, etc.

Laisser un commentaire