Le jardin des pontes [le Zardê dé pôt]

Fig. A. Y a d’la rumba dans l’air.

[le Zardê dé pôt] (gr. n. JEU)
Cest un suranné printanier qui nous convie aujourd’hui à l’étudier. Et pour palabrer tranquillement il nous attend dans le jardin, à la française ou à l’anglaise, ce sera comme vous voudrez. Venez vous asseoir sous le grand arbre, nous y serons bien à l’ombre. Avant peut-être de nous y retrouver à nouveau, à l’ombre. Eh oui parce que si vous pénétrez dans ce jardin qui est celui des pontes c’est ce que vous risquez si par hasard il vous venait en tête de ne pas être totalement honnête.

Si vous nous rejoignez c’est que vous êtes joueur, mais pas de colin-maillard (nous penserons à le disséquer un jour celui-là) mais plutôt de roulette, baccara et black-jack, en tout cas de ces jeux de hasard. Car le jardin des pontes c’est le mot suranné qui désigne le casino, celui où l’on flambe mais où pour la plupart du temps tout finit en fumée.

Dans la langue des flambeurs, le ponte s’oppose au banquier et chacun essayera de mettre l’autre sur la paille, c’est la règle. Le joueur est passé par la cage du caissier pour convertir en jetons la cave gagnée dans la journée. Il a en tête la martingale qui va faire qu’un impair ou un manque fera sauter la banque, que la roulette soit française ou bien américaine. Toute la nuit il posera ses jetons sur le tapis vert quadrillé avant que les jeux ne soient faits et il jouera son âme pour que sorte le huit. Las, à l’aube c’est le jardin des pontes qui aura tout raflé.

Ce jardin des pontes est aussi un repère de brigands, de jolies femmes, de truands, de naïfs, à qui l’argent brûle les doigts à tel point qu’ils préfèrent le remettre au hasard pour qu’il décide si ce soir il seront donc chanceux ou malheureux. C’est à lui qu’ils confient toutes leurs désillusions car s’il n’apporte pas d’espoir, ils le savent bien, il les enivrera jusqu’au coup de l’Empereur ou si c’était le soir, ils feront Charlemagne. Et alors là, Champagne !

Le jour se lève, le jardin des pontes va fermer. Même si tu es plus riche tu perdras tout demain car les parfums de ce jardin te grisent. Tu reviendras.

On ne croise plus de type au teint blafard vers cinq heure du matin avenue Wagram ou à Enghein. Le jardin des pontes est devenu suranné, il est en ligne désormais comme l’ont voulu les modernes seulement avides de leurs gains mais bien ignorants d’une moiteur, d’une ambiance, du battement trop rapide du cœur. Cette fois c’est pour de bon je vous le dit : rien ne va plus. Ils ont souillé le jardin des pontes.

 

🎼🎶 Y a d’la rumba dans l’air
Le smoking de travers
J’te suis pas dans cette galère
Ta vie tu peux pas la refaire🎶
Tu cherches des morceaux d’hier pépère
Dans des gravats d’avant-guerre
L’Casino c’est qu’un tas d’pierres
Ta vie tu peux pas la refaire🎶🎶

Alain Souchon, Y’a de la rumba dans l’air

PS : c’est une belle chanson mais je ne suis pas d’accord. Ta vie tu peux la refaire. 

Laisser un commentaire